Twiza devient une coopérative ?

Rappel : cette page traite d’un sujet soumis à la concertation Twiza 2023. Pour comprendre il est indispensable de commencer par voir la page Objectif et fonctionnement de la concertation

Ce qui est soumis Ă  concertation ici

Le chapitre « PrĂ©ambule Â» du projet de statuts pour la coopĂ©rative Twiza. L’enjeu est d’éprouver la vision des fondements du rĂ©seau Twiza, Ă  l’occasion de son passage en coopĂ©rative. Ainsi ce chapitre fait un bref rĂ©capitulatif historique, dĂ©taille la finalitĂ© d’intĂ©rĂŞt collectif puis les valeurs et principes spĂ©cifiques Ă  Twiza. Les statuts d’une structure juridique c’est un peu comme notre constitution en rĂ©publique, c’est la base, c’est ce qui est au-dessus de toutes les parties prenantes et de tous les mandats. Certes on peut les faire Ă©voluer mais il est utile de bien peser ce que l’on y Ă©crit. Cet aspect de la concertation est probablement le moins sexy mais c’est un des plus importants puisque tous les autres aspects de la vie du rĂ©seau doivent se faire en consĂ©quence des statuts.

Contexte très important pour comprendre la suite

Tambouille juridique : ne pas confondre le fond et la forme

Dès l’origine Twiza est une initiative de culture entrepreneuriale. Sur le fond sa vocation a toujours Ă©tĂ© de crĂ©er de l’utilitĂ© sociale. Sur la forme ça a variĂ© (asso et/ou entreprise) et nous avons remarquĂ© que ça peut crĂ©er des quiproquos ou des tensions, souvent par mĂ©connaissance, parfois par « choc de culture Â» :slight_smile:

Dans cette vidéo je récapitule les différentes étapes par lesquelles le réseau est passé, particulièrement sur le plan juridique, avant d’aboutir à la volonté actuelle de devenir une coopérative.

L’inspiration, le modèle des SCIC : Société Coopérative d’Intérêt Collectif

Depuis 2020 nous préparons ce passage en coopérative, l’idée initiale était de devenir une SCIC mais pour des raisons comptables qu’il serait trop long d’expliquer ici car le sujet est très très pointu, nous devons renoncer à aller jusqu’à la labellisation SCIC. Ainsi nous ferons une coopérative de type SCIC mais non labellisée SCIC. Un peu comme un fromage bio sans le label AB :wink:

C’est quoi une SCIC ?

Une Société Coopérative d’Intérêt Collective.

- SOCIETE de personnes qui prend la forme commerciale (SA, SAS, SARL)

- COOPERATIVE dans sa gouvernance où 1 personne = 1 voix en assemblée générale

- D’INTERET COLLECTIVE car elle regroupe différents acteurs autour d’un projet commun par le biais d’une dynamique multi parties-prenantes (avec à minima 3 collèges d’associés : les salariés, les bénéficiaires et au moins un autre collège)

Pourquoi un passage en pseudo SCIC pour TWIZA ?

La SCIC est aujourd’hui la forme juridique qui correspond le plus aux ambitions du réseau qui souhaite à la fois :

  • agir en secteur non marchand (entraide, actions de promotion, rĂ©seau …) et aussi en secteur marchand et concurrentiel (visibilitĂ© web, offre de services, achats groupĂ©s …)

  • avoir une gouvernance plus reprĂ©sentative du fonctionnement actuel du rĂ©seau et de ses ambitions (intĂ©gration des partenaires et salariĂ©s dans une gouvernance dĂ©mocratique)

  • pouvoir revendiquer la crĂ©ation d’intĂ©rĂŞt collectif comme finalitĂ© prioritaire.


Ci-dessous la partie soumise Ă  concertation : bonne lecture !

Le chapitre « PrĂ©ambule Â» des statuts de la coopĂ©rative Twiza

1.Historique de la démarche

Cédric DANIEL et Vincent PEIGNE ont développé une plateforme web de chantiers participatifs Twiza.org apportée à la société LICHEN lors de sa constitution.

La société LICHEN a été créée en 2016 par Cédric DANIEL et Vincent PEIGNE afin de mettre en pratique de nouvelles solutions pour développer l’éco-construction et l’auto-construction. Tassadit BONNARDOT et Quentin DALBRUT rejoignent l’aventure en 2017 et participent à la création de l’offre destinée aux professionnels de l’habitat écologique. Une campagne de financement participatif via la plateforme WeDoGood permet de lever plus de 100 000 € d’emprunt en quasi fonds propres pour soutenir le projet. Après quelques années d’expériences, le réseau se diversifie en se positionnant sur les approvisionnements (avec un groupement d’achat). En parallèle, le réseau affirme sa culture de l’approche participative en évoluant vers une organisation du travail décentralisée, une distribution du pouvoir et en œuvrant pour faire émerger la population des membres actifs. Cette population des membres actifs se destinent à être l’infrastructure humaine du réseau, en complémentarité avec l’infrastructure historique, numérique celle-ci. L’infrastructure numérique quant à elle continue de se développer avec le déploiement d’un portail web et d’un forum d’entraide.

En 2023, l’activité arrive à maturité mais reste freinée par le cadre juridique d’origine. Pour continuer de mener à bien le projet TWIZA en alignement avec ses valeurs et sa stratégie, la modification de la société devient une évidence. Elle s’oriente, à terme, vers une forme coopérative. Les modifications réalisées décidées par l’Assemblée Générale Extraordinaire s’inscrivent dans cette démarche.

2. Finalité d’intérêt collectif

A travers la diffusion et la commercialisation de la plateforme et des services Twiza, la Société vise :

  • le dĂ©veloppement et la prĂ©servation du lien social par le biais de la diffusion des pratiques participatives (chantiers participatifs), de la plateforme collaborative, des groupements d’achats et d’entraide, des Ă©vènements, etc. ;

  • donner accès au plus grand nombre Ă  de l’information de qualitĂ© (Ă©ducation populaire), favoriser la diffusion et la rĂ©appropriation des savoirs et savoir-faire autour de l’éco-construction : pratiques de construction et de rĂ©novation saines et durables ;

  • le renforcement de la cohĂ©sion territoriale grâce au dĂ©veloppement des rĂ©seaux locaux, avec pour objectif de permettre au plus grand nombre d’intĂ©grer le rĂ©seau, d’interagir avec ses membres, de jouir du partage des savoirs et de participer au groupe local de sa rĂ©gion ;

  • participer au dĂ©veloppement durable de notre sociĂ©tĂ© dans ses dimensions sociales, en renforçant le lien social et les pratiques participatives ;

  • participer au dĂ©veloppement durable de notre sociĂ©tĂ© dans ses dimensions environnementales et Ă  la transition Ă©nergĂ©tique, Ă  travers la promotion des techniques de construction respectueuses de l’humain et de son environnement.

3. Les valeurs et principes spécifiques à TWIZA

  • la prĂ©Ă©minence de la personne humaine ;
  • la dĂ©mocratie ;
  • la solidaritĂ© ;
  • un actionnariat multiple ayant pour finalitĂ© l’intĂ©rĂŞt collectif au-delĂ  de l’intĂ©rĂŞt personnel de ses membres ;
  • l’intĂ©gration sociale, Ă©conomique et culturelle, dans un territoire dĂ©terminĂ© par l’objet social ;
  • L’entraide, la solidaritĂ© et la coopĂ©ration ;
  • Le partage des savoirs et de l’apprentissage ;
  • Le respect du vivant et du bien commun ;
  • L’intĂ©rĂŞt collectif.

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J’ai l’impression que le développement en parallèle (les membres actifs) est en train de devenir le futur de la plateforme et je sens, en effet, que les deux fondateurs et peut être aussi les deux personnes qui sont arrivées ensuite, peuvent ou pourrait souffrir de manque de reconnaissance à la fois morale et financière. Je me sens triste en pensant ça.

Par ailleurs, j’ai lu deux fois et je trouve que le projet est génial ! C’est vraiment beau de lire toutes ces valeurs, une nouvelle fois et de voir que la ligne directrice ne change pas, l’humain reste la priorité.

Excellent travaille de synthèse de la part de l’assemblée extraordinaire.

2 « J'aime »

Qui dit « société » dit modèle économique.
J’imagine que celui qui a prévalu à la création de Twiza (NDLR « campagne de financement participatif via la plateforme WeDoGood permet de lever plus de 100 000 € d’emprunt en quasi fonds propres pour soutenir le projet ») ou celui qui prévaut aujourd’hui (sans le connaitre vraiment, mais il semble qu’il repose uniquement sur les seuls adhésions, voir une marge sur le Groupement d’Achat.) est déjà repensé, en tout cas que des orientations différentes sont envisagées, voir une trame d’évolution à plus ou moins long terme ?

C’est le nerf de la guerre me semble t il (même si de mon point de vue c’est loin d’être le seul, et Twiza en est une preuve singulière)
On peux lire dans les manuels d’économie d’entreprise que le financement détermine le fonctionnement.
Ou comme le disait plus légèrement un de mes anciens prof de gestion d’entreprise : « dites moi qui paie les musiciens, je vous dirais ce que joue l’orchestre… »

Tout Ă  fait. Reprenons de la hauteur :
Ce qui fait qu’on est un réseau, et pas juste un groupe de personnes, certes identifiable (comme les abonnés d’une page facebook ou les clients d’un fournisseur ou les habitant d’une ville) c’est le fait de disposer de liens entre les individus.
À ce jour la plateforme numérique est la principale infrastructure qui caractérise notre réseau. C’est elle qui favorise le lien créé par le réseau (permettant ensuite aux gens d’avoir toutes formes d’autres liens bien-sur)
Cette infrastructure est technique : outils numériques.

En effet les membres actifs sont « le futur de la plateforme Â» dans le sens qu’ils agissent pour crĂ©er du lien. CrĂ©er du lien est ce qui fait rĂ©seau. Donc les membres actifs constituent une nouvelle « infrastructure Â» du rĂ©seau. Cette infrastructure n’est pas technique, elle est humaine. Cette infrastructure humaine complète l’infrastructure technique, et peut-ĂŞtre pourra-t-elle mĂŞme parfois s’y substituer.

En plus d’être particulièrement stipulante sur le plan intellectuel, cette stratégie nous semble pertinente pour accroître rapidement notre impact et la pertinence de notre action grâce à l’intelligence collective.

Le statut coopératif est au service de cette stratégie.


L’empathie est une forme d’intelligence très bien représentée dans notre communauté et tu l’incarnes à cette occasion, merci.
Pour ce qui est de la reconnaissance morale, je crois que que l’inscription aux statuts est une source de satisfaction de cet éventuel besoin.
Pour ce qui est de la reconnaissance financière propres aux associĂ©s : contrairement aux salariĂ©s, ceux-ci ont toute conscience du risque liĂ© Ă  leur participation. Peut-ĂŞtre qu’un jour les principaux associĂ©s pourront sortir tout ou partie de leur participation sociale (parts sociales), ce qui permettrait de rĂ©cupĂ©rer de la reconnaissance financière. Mais il est trop tĂ´t pour « faire les comptes Â» sur l’aventure entrepreneuriale qu’ils ont choisie.

Ceci dit peut-ĂŞtre que ceux-ci voudraient amender mon propos ? @Vincent_P @Tassadit et @Quentin ?

Pour ma part, qui suis de loin le plus « dĂ©ficitaire Â» financièrement (mais pas moralement!) dans ce projet, je ne vous ferai pas croire qu’il m’est Ă©gal de rĂ©cupĂ©rer les sommes considĂ©rables que j’ai placĂ©es ou renoncĂ©es Ă  recevoir pour mon travail. Mais j’estime qu’il est trop tĂ´t pour faire le bilan.

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J’ai un doute, vu qu’il y a un point d’interrogation : est-ce une remarque ou une question ?
S’il y a une question je veux bien que tu la reformules stp :sweat_smile:

Sur le fond je te rejoins dans ce que je lis.

La question est quels sont les pistes de financements envisagées aujourd’hui, à plus ou moins long terme, dans ce contexte de changement de statut en l’espèce vers un statut coopératif ?
Quels pourraient être les nouveaux contributeurs ? Autres associations, partenaires privés (ex fabricant/distributeurs de matériaux), partenaires public et/ou institutionnel ?
Ou nouvelles nouvelles conditions (ou catégories) pour des contributeurs existants ?

Je n’ai pas saisi : en quoi le changement de statut impacte le modèle économique ? De mon point de vue ça n’a pas d’impact, le modèle économique n’a pas à changé consécutivement aux modifications juridique.
Pour être encore plus précis, la SAS reste une SAS, mais le formalisme des ses statuts est de type coopératif. Au passage on fera aussi reconnaître le caractère ESS de la structure.

Pour nourrir le débat, voici les catégories que nous avons identifiées, et leurs définitions :

  1. Catégorie des salariés : Les personnes physiques, les salariés en CDI pourront devenir associés dans cette catégorie au terme de leur période d’essai, une fois le CDI validé par l’employeur ;

  2. Catégorie des bénéficiaires : Les personnes physiques qui ont un projet personnel ou professionnel en lien avec l’objet social de la Société TWIZA (organisateurs de chantiers, bénévoles participants, professionnels, acheteurs de matériel…) ;

  3. Catégorie des partenaires systémiques : les personnes morales dont l’objet social converge avec celui de la Société ;

  4. Catégorie des membres actifs : les personnes physiques qui participent activement et bénévolement à la réalisation de l’objet social : membres ambassadeurs, experts, contributeurs ponctuels (coproducteur du réseau) – La qualification de membre actif est définie et signifiée par écrit par le Président ;

  5. Catégorie des partenaires financiers : les personnes physiques ou morales qui contribuent significativement aux besoins financiers de la Société (dons, subventions, prêts, participations…)

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Le préambule me semble être à la fois concis et très clair sur les objets de la société. Beau travail.

L’historique représente 1/3 de ce préambule, et s’arrête à 2023. Ce sont effectivement les racines qui ont permi le développement de Twiza, mais est-ce à dire que les statuts seront à tenir à jour régulièrement au vu des nouveaux chapitres qui s’ouvriront dans l’aventure de la SCIC?

Autre petit bémol, j’ai un peu de mal avec le terme d"infrastructure humaine". Je pense (et ce n’est qu’une proposition liée à un ressenti personnel) que la phrase serait à la fois plus juste, plus simple à lire et plus parlante sous la forme suivante :
« Les membres actifs représentent la force vive du réseau dans les territoires, en complémentarité avec l’infrastructure numérique. » Cela permettrait notamment de mettre en lumière le réseau des membres actifs, qui agit en lien et en complémentarité avec les outils numériques.

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Ce passage fait appel à des éléments historiques, non pas comme finalité (mémoire, histoire), mais comme moyen pour expliquer la raison d’être actuelle de la coopérative.
Si la raison d’être de la coopérative devait évoluer à l’avenir, alors il faudrait expliquer pourquoi et on peut s’attendre à ce que le récit soit complété, en effet.
Les statuts doivent être mûrement réfléchis, ce qui fait qu’il doivent être stables, mais il ne sont pas immuables. Il serait normal qu’ils évoluent dans les années à venir.

Est-ce la froideur du mont « infrastructure Â» associĂ© Ă  l’expression chaleureuse « humaine Â» qui te chiffonne ?

Cette proposition changerait complètement le sens. Et d’ailleurs, l’expression force vive est belle, mais que recouvre-t-elle concrètement ? Une force vive est-ce ce qui fait avancer, bouger ? Dans ce cas on considèrerait les membres actifs comme une sorte de ressources au sens « consommable Â» ? Je sens bien l’intention de cette expression, mais je ne vois pas la traduction prĂ©cise.

J’explique la proposition initiale :

Twiza est un rĂ©seau. Un rĂ©seau c’est des entitĂ© connectĂ©es. Donc c’est « entitĂ©s Â» + « connexions Â» : rĂ©seau informatique, rĂ©seau neuronnal, rĂ©seau de rĂ©sistance etc.

Dans cette proposition, nous voulons appuyer le fait que certains acteurs du rĂ©seau n’ont pas une fonction classique « d’entitĂ© Â», ils ont une fonction qui relève plus des Ă©changes entre les autre entitĂ©s : les « connexions Â».

Quand un membre actif prend son tél et échange de vive voix avec un organisateur de chantier participatif pour lui transmettre des informations et en collecter, il se substitue à ce qui pourrait être fait par des pages webs, des vidéos et des formulaires. Il est le media qui fait circuler ces informations. Il est la connexion.

C’est ce que j’expliquais à Solène :

Il est donc volontaire de placer sur le même plan la fonction humaine et la fonction technique. C’est parfaitement intentionnel pour bien mettre en évidence le fait que l’une est substituable par l’autre. Ce n’est pas péjoratif. Je pense même que c’est certainement l’aspect le plus ambitieux du projet actuel. Qui sait : peut-être que demain Twiza fonctionnera sans aucun outil numérique… Avec des humains, du papier et je ne sais quoi d’autre.

Ce n’est pas une boutade :slight_smile:

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