Dosages béton de chaux

:wave: Bonjour à tous! Après de nombreuse recherches sur le béton de chaux pour dalle en RDC, je constate que les dosages sont assez variables, allant d’environ 20 à 30% de volume de chaux. Je vais plutôt parler en proportion volumique entre la chaux et le granulats car je pense que c’est plus simple. Je vais citer par exemple Alliance4 qui préconise 1volume de chaux pour 3 volume de granulats, à contrario de Saint-Astier qui recommande 1 volume de chaux pour 2 volume de granulats de pouzzolane… Sachant que la différence entre 1/3 ou 1/4 de chaux me paraît trop aléatoire, j’aimerais avoir des avis sur les proportions, et si des connaisseurs lient ce forum pourquoi pas une explication en terme de matériaux (proportion sable-gravier?), masses volumiques, ou tout autre élément permettant d’expliquer tout cela. Je tiens à préciser que j’ai beaucoup apprécié les réponses après avoir publié sur les fondations cyclopéennes, donc par avance merci beaucoup!!!

Bonjour Thibaut,

Pourriez-vous précisez les types de chaux naturelle NHL ou préformulées HL, NHLZ, etc et le coefficient de chaux hydraulique 2, 3.5, 5 ?

Car aucun de ces liants ne dispose des mêmes proprités mécaniques (et autres), ce qui explique les différentes recettes.

Bonjour Patrick,

J’ai choisi d’utiliser de la NHL 5.

Alors cela peut dépendre de la taille des agrégats, du rapport sable/gravier qui est retenu, et/ou de la part de pouzzolane (prise pouzzolanique), de l’épaisseur et dimensions de la dalle, et du type de compactage de la couche de fondation (hérisson)

La différence que vous avez relevé provient de recette générique pour une épaisseur et une granulométrie donnée.

Quel source pour St Astier (car je ne trouve pas cette recette dans mes doc de chez eux ?)

Lorsque je fais une prescription pour un béton/mortier, je prends en considération tous ces éléments pour ajuster le mélange, la chaux disposant de propriétés mécaniques réduites par rapport au ciment artificiel. Il m’arrive d’adjuvanter au CNP ciment naturel prompt (cousin de la chaux.

Si vous me donnez toute les caractéristiques de l’ouvrage et des agrégats disponibles, je pourrais ajuster votre mélange.

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Les agrégats sont en 0-15mm ; le rapport sable-gravier je ne le connais pas (gravier sableux de carrière spécial béton, et gravier sableux de pouzzolane d’Alliance4) ; épaisseur dalle 15cm, dimensions dalles 24 m² (atelier buanderie) et 22 m² (habitat) ; compactage en gallets sur 20cm d’épais à savoir en 16-22 au fond puis 4-16 au-dessus.

La source de Saint-Astier : BÉTON POUZZOLANIQUE - Saint-Astier®

Pour la partie atelier-buanderie, je compte mettre une dalle en béton de chaux NHL5 avec des agrégats en pouzzolane à 1/3 et gravier sableux à 2/3 (0-15 pour les 2). Mon but n’est pas d’isoler mais de limiter les remontées d’eau.

Pour la partie habitat, je souhaite faire une dalle en béton de pouzzolane avec de la chaux NHL5 et des agrégats en pouzzolane uniquement (0-15). Le but étant d’isoler un peu, et de beaucoup limiter les remontées d’humidité (plancher bois sur dalle).

En première lecture, les différences sont :

Alliance 4
NHL2
Alliance 4 mixe agrégats pouzzolaniques et sables/graviers ordinaire alors que St Astier propose une solution qui est celle que vous retenez

CESA
NHL5
Agrégats pouzzolanes seuls (c’est donc la chaux seule qui remplit les interstices)

Les 2 solutions diffèrent du point de vue mécanique/perméabilité à la vapeur d’eau.
Diffèrent du point de vue de la mise en œuvre/cout.
Ce que vous gagnez d’un coté, vous le perdez de l’autre, sans que le résutat des ouvrages soit foncièrement différent

Peu ou pas de gain de performance, en tout cas pas au point de situer le résultat thermique dans le champs de l’isolation. Une dalle chaux/chanvre/pouzzolane aurait été top de ce point de vue.

Ce qui limite vraiment les remontées capillaires sont les ouvrages de type drain d’air/drain ventillé périphérique en extérieur, et hérisson ventilé par drain d’air sous dallage en intérieur.
La prise pouzzolanique limite quand à elle les échanges d’humidité vers le volume habitable tout en restant à minima perméable à la diffusion d vapeur d’eau.

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Merci Patrick de prendre le temps de me lire et pour vos réponses!

J’ai oublié de préciser que j’ai prévu un drain d’air ventilé.

La dalle chaux-chanvre me rend sceptique, car après de nombreuses recherches je constate qu’il ressort parfois les problèmes de mortier poudreux et de pourrissement. Or, je suis sur un sol « lessivé »/détrempé, qui retient beaucoup l’eau de par sa composition intrinsèque, donc l’humidité est à redouter.

Croyez-vous qu’1/3 de l’agrégat en pouzzolane suffise, ou que la totalité de l’agrégat en pouzzolane serait plus judicieux?
Dans le cas d’une dalle en agrégat de pouzzolane uniquement : pensez-vous que la proportion 1 volume de chaux NHL 5 pour 3 volumes d’agrégat soit correcte, ou faut-il préférer une proportion 1 vol NHL 5 pour 2 vol d’agrégats?

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Merci jean Patrick, je suis contente de découvrir une fiche technique (Alliance4 que je ne connaissais pas) avec de la NHL2 pour une dalle en béton de chaux pouzzolanique, très généralement les préconisations sont la 3.5 ou 5.
Je vais réaliser une dalle sur hérisson avec des charges de pouzzolane et sable et de la NHL2.
Pour faire court je voulais savoir as-tu déjà réaliser des dalles avec de la NHL 2 ? Puis aussi est ce que la souplesse de la NHL 2 (les 3.5 et 5 sont plus hydraulique) n’est pas atténuée par la charge pouzzolanique qui justement augmente son hydraulicité? :exploding_head: :exploding_head: :exploding_head:
J’avance à petit pas dans mes recherches et c’est vrai qu’à force de connaître et comprendre mes dosages se compléxifient !!! un peu de ci pour le liant, un peu de ça pour la perspirance , un peu de cela pour la résistance dans le temps pui de ceci pour l’élasticité.

Bonjour Je prends vos échanges en cours et j’ai juste une question. La chaux NHL 2 étant plus aérienne que les NHL 3,5 elle apportera effectivement plus de capacité à laisser sortir l’humidité (si rien ne la bloque au dessus) et plus de souplesse, mais quel serait l’inconvénient d’une chape un peu moins souple à cause de la pouzzolane ? Merci

Bonjour @Luc-BlogPF un peu de résistance grâce à la charge pouzzolanique au contraire ne me dérange pas. Seulement je pense avoir mal formulé ma question car pour les autoconstructeurs c’est un peu difficile d’y voir clair et heureusement que ce genre de forum existe.
Donc, les dosages pour dalle en béton de chaux varient selon les revendeurs : alliance 4 NHL2+sable+pouzzo, St astier :NHL5+pouzzo0-15, et aussi selon les techniciens et livre de référence sur le sujet. On sait que la pouzzolane (aussi pierre ponce et tuileaux) augmente considérablement la résistance du béton de chaux, notamment par réaction chimique , je ne sais laquelle et activation de la carbonatation…

Afin de savoir ce que serait le plus adapté pour une dalle en rdc d’une vieille grange en pierre granitique, le rdc était une étable au sol en pierre non jointées sur terre sableuse, dont les murs sont hourdés en terre. je pensais faire une dalle avec une certaine souplesse qui laisse passer l’humidité (ce sera un cellier et la finition sera une mince dalle chaux talochée) . Cette habitation qui dure depuis des siècles avec des matériaux souples je la voit mal supporter des enduits et dalles aux caractéristques supers solides : NHL5 par ex.
Je viens à mes interrogations: quelle proportion de charge pouzzolanique et quelle granulométrie, ne faudrait-il pas y intégrer aussi du gravier de pouzzolane un peu plus gros 1-2 ?
Merci

Bonjour @Tana

Quelques remarques avant de proposer une formulation

Résistance mécanique ou résistance à la perméabilité à la diffusion de vapeur d’eau ? Vous pourriez développer l’intérêt que vous y voyez ? puisque par ailleurs vous précisez :

De mon point de vue, la prise pouzzolanique diminue très significativement la perspirance.

Oui, et il faut prendre en considération le type et la granulométrie des agrégat et l’épaisseur de la dalle car plus la résistance mécanique est faible plus l’épaisseur de dallage devra être conséquent pour disperser les tensions. On peut également considérer la taille du dallage et des géométries biscornues pour ajuster un mélange.

Vous confirmez pas de décaissement/remblais/hérisson ?

NHL2 vs NHL5, et pourquoi pas NHL3.5 comme compromis résistance mécanique / souplesse.
Dosage 350Kg/m3 de béton frais

Je vous orienterais sur la recette intermédiaire suivante pour une dalle de 15 cm :
et de mon point de vue, exit le sable pouzzolanique. Mon approche étant de favoriser la respirabilité ET de réduire le nombre de composant de la recette, qui peuvent être de nature à complexifier les rapports de dosage et l’homogénéité des mélanges successifs qui serait de nature à créer des faiblesses mécanique dans l’ouvrage.
NHL 3.5 dosé à 350Kg/m3
pour 35Kg de chaux (1 sac) :
50 litres de sable 0/4
70 litres de gravier 4/20
+/- 15 litres d’eau suivant saison, humidité du sol, et conditions météorologiques.

Désolidarisation des murs impérative !

Si vous êtes contraint en épaisseur de dalle, pour des questions de niveau fini, la dalle peut être « armée » avec un treillis végétale confectionné manuellement (canisses, roseaux, bambous, etc) maille entre 15x15cm à 20/20cm

Ne rigolez pas, mais on peut également fibrer la dalle chaux avec des poils de sangliers pour en augmenter très significativement la ductilité (résistance aux chocs, épaufrures, résistance à l’abrasion, résistance mécanique du béton au jeune âge (1Kg/m3) ; je conviens qu’il faudra pactiser avec les chasseurs du coin…

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merci @Jean-Patrick ,
en effet il y a des contraintes d’épaisseur, peu de fondations des murs nous oblige à respecter peu de décaissement tout du moins au bord de certains murs.
hérrisson 20 cm mais au bord de 2 murs il sera de 10 cm.
dalle béton de chaux de 12 ou 15 cm je dois vérifier
finition de 3 cm peut-être 2cm (chaux talocher , lissé un peu )
surface: 2.5m x 5m : on s’entraîne sur la plus petite surface.
Moi qui me réjouissais de travailler à la romaine en ajoutant de la pouzzolane qui plus est viens des volcans juste à côté. je réduisais la charge de sable de rivière,… car oui comme vous l’avez compris nous voudrions avoir une perspirance significative et évacuer l’humidité par ventilaton de la pièce.
ok pour les poils de sanglier, ça promet de belles rencontres pour une écolo comme moi hehehe
Quand vous dites: Désolidarisation des murs impérative !
une séparation de type plaque de liège suffit-elle ?

De rien, plaisir de partager @Tana,

De mon point de vue suffisant compte tenue de la contrainte en pied de fondation ; c’est souvent ainsi que se pratiquent les arbitrages, c’est à dire par l’intégration des plus fortes contraintes.

Si vous avez la possibilité de ventiler le hérisson par un drain d’air, ce serait un bon plus.
Pensez à bien compacter votre hérisson :

  • avec une dame de maçon (que vous pouvez fabriquer avec suffisamment de leste. Passer et repasser plusieurs fois, dans un sens, puis dans l’autre…
  • avec un bidon plastique ou tôle (100l à 300l) rempli d’eau (tel un rouleau compresseur) dans un sens puis dans l’autre.
    Plus le support de votre dalle sera compacté (que l’on appelle couche de fondation) plus l’ouvrage de dallage chaux sera stable.

C’est d’ailleurs dans l’esprit d’un remblais/support insuffisamment compacté, qu’est préconisée une chaux NHL5 par St Astier.

Ma préférence absolue pour 15 cm.
En 12 cm = solution treillis végétale, voir NHL5
On retourne aux problématiques de la limite de résistances mécaniques (compression/traction), c’est à dire qu’il faut disperser les tensions dans l’épaisseur du matériaux ou en augmenter la résistance, pour éviter la rupture (fissuration)

Oui, mais quand vous dites cela, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agissait de construction neuve avec tout un ensemble de choix cohérent allants de pair, et le plus souvent pour des applications extérieures, et qu’il serait délicat de mon point de vue, de le rapprocher d’une rénovation sur un ouvrage de conception/cohérence différente.
Bien évidement que la pouzzolane offre un certains nombre d’avantages ; mais j’aurais tendance à penser que pas dans votre cas.

Je ne suis pas certains du tout que l’un ai un bien meilleur bilan que l’autre ; dites vous que le sable de rivière arrive au pied des volcans comme la pouzzolane part au bord de la mer… Carrière ou dragage même combat, concassage, calibrage, lavage idem… Comme nous n’en sommes pas encore à ramasser le sable à la pelle ou à casser la pouzzolane à la baramine, la contrepartie de rénover une construction existante et d’en repousser la durabilité reste l’enjeu premier.

Je fais partit de ceux qui pensent que la résilience se jouent dans les réseaux humains, dans le tissus social local, et qu’il faudra demain composer brillamment avec celles et ceux dont les façons de vivre et d’appréhender le monde nous sont étrangère et nous échappe.

Oui. cela pourrait même être un mortier de chaux très maigre, très très maigre même, qui fissurera à la moindre déformation/tassement différentiel entre murs et sols (principe de la dalle sur terre plein qui ne porte pas sur les fondations, par opposition à une dalle portée…

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:smiling_face: :ok_hand:, parfait, un régal de vous lire ! merci @jean-patrick.
Je vais cogiter tout ça et je garde vos recommandations de dosage .
C’est drôle mais je me rend compte à quel point je suis influencée par ma culture.
J’ai toujours été entourée de construction de l’époque romaine, dans une ville de Provence et la literrature technique faisant référence aux béton romain m’a passioné. Ceci dit un petit couac me tourmentait car le bâti ancien que nous restaurons n’est pas dans la même dynamique de construction et dans une autre région.
Toujours revenir aux bases !

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Oserais-je avancer qu’il faut respecter les prescriptions du fabricant ? Ben oui, je le fait.
A moins d’avoir une expérience certaine, c’est ce que je te conseille (bémol pour les quantités d’eau)
Perso, je ne m’embête plus, je fait livrer des toupies, souvent de NHL 3,5 + petits cailloux.
Penser à la cure humide, et éviter tout courant d’air pouvant amener des fissurations, qui, même elles sont non structurelles, ne sont pas du plus bel effet.
Et ne pas oublier l’isolation périphérique, une bande de résilience …
Les poussières de pouzzolane sont très capillaire, attention à ne pas en ajouter !

Bonjour @Cyril_Revon,

Vous avez parfaitement raison, mais il faut reconnaitre, et c’était bien là me semble t il, l’enjeu de la question de @Tana , que d’un chaufournier à un autre, on a des prescriptions qui varient très significativement,

  • en type de chaux (et encore j’exclue systématiquement les préformulés en rénovation
  • en volume de liant
  • en rapport sable/gravier
  • en taille d’agrégats (quand il y a une prescription de calibre)

Il me semble que ces variations sont autant le résultat de choix industriels et de marketing que de technique pure, les bétons de chaux et leur recette existants depuis plus longtemps que les chaufourniers industriels.
Et d’une manière générale, on a des prescriptions « 4X4 » c’est à dire passe partout ou très polyvalente ou pour de très large plage d’application.

Quand au choix des agrégats, selon les régions, et le marché, on est très loin de trouver tout ce que l’on souhaite en origine et granulométrie ; alors il faut très souvent composer avec ce qui est disponible localement.

Par exemple ce type de BPE/BCP n’est pas disponible dans mon département…