Taches sur enduit à l'argile

Bonjour,
J’ai des taches marron qui sont apparues sur un enduit de finition (argile + sable) lorsque l’enduit a été sec.
L’enduit est posé sur un lattis en pin non traité, derrière lequel il y a une isolation en filasse de chanvre, laine de chanvre.
Le corps d’enduit a été fait en deux passes, la première en mai 2023, la seconde en juin , et la couche de finition en octobre, après les grosses chaleurs de l’été.
Avant la couche de finition, il y avait des taches sombres à certains endroit, comme si l’enduit n’était pas très sec, alors qu’il était bien sec partout.
A l’emplacement de ces taches brunes, il y a quelques taches qui ressortent à travers l’enduit de finition. On distingue vaguement la forme du lattis
Lors de la première passe d’enduit, j’ai repéré quelques traces de moisissure dues au climat humide, mais pas à l’emplacement des taches.
Les enduits ont été réalisés dans plusieurs pièces, par le même artisan, mais les taches n’apparaissent que dans une seule pièce (pièce orientée au sud, donc a priori moins humide que les autres).
Avez vous un idée de l’origine de ces taches, et comment les faire disparaitre.
Merci d’avance

@Thyp
Bonjour,

Pourriez-vous donner des précisions sur :

  • la typologie de mur (pierre, parpaing, pisé, colombage, etc ?

  • sa configuration (mur donnant sur l’extérieur ou non, et si oui : RDC, élévation R+, mur enterré, si mur partiellement en terré quelle profondeur ?

  • le revêtement du mur concerné sur sa face opposée (enduit ou joints ciment, chaux, autre ?

  • la nature du plancher et revêtements ?

  • les aménagements qui ont été réalisés sur l’ensemble du projet et qui vise la gestion de l’humidité par remontées capillaires (drain d’air ventilé périphérique extérieur, hérisson ventilé par drain d’air sous dallage bas, rejointoiement soubassement - drain d’air ventilé = drain disposant d’un avaloir en point bas et d’un exutoire en point haut ?

Car de mon point de vue il n’est pas tant question de « faire disparaitre » les taches, mais de trouver la ou les causes de leurs origines et de traiter les causes plus que les conséquences.

Merci par avance de vos précisions

Bonjour,
Voici quelques informations complémentaires, je suis d’accord avec toi qu’il est primordial de trouver l’origine du problème avant d’essayer de le résoudre.

La maison date des années 1930-1935, les murs sont en pierres assemblées avec un mortier ciment assez pauvre en ciment. A l’extérieur il y a un crépi ciment. A l’intérieur il y avait un enduit plâtre sur tous les murs, le plâtre a été enlevé de tous les murs extérieurs.
La maison est construite pour moitié sur un vide sanitaire d’environ 1m de haut et l’autre moitié sur un sous-sol d’environ 2m de haut. Les murs du sous-sol et du vide sanitaire étaient recouverts à l’intérieur d’un crépi ciment qui a été déposé pour permettre une meilleure respiration des murs.
Il n’y a pas eu de travaux de drainage ou autre car a priori il n’y avait pas de problèmes apparents dus à l’humidité. Cependant la maison est en bord de Loire et l’air est assez humide en général.
Pour l’humidité, une VMC simple flux a été installée, avant la pose des enduits pour améliorer le séchage.
La maison n’a pas été habitée depuis une vingtaine d’années, et on n’y a pas encore aménagé.
La pièce dans laquelle les taches sont apparues est le regroupement de deux anciennes pièces, du coup, le sol est constitué d’un parquet sur une moitié de la pièce et d’une dalle en béton carrelée sur l’autre moitié.
Les murs extérieurs de cette pièce ont été isolés avec un mélange chaux/chènevotte derrière un lattis en pin, puis enduits à l’argile.


vue extérieure


intérieur avant isolation et pose du lattis

Bonjour,

Ne cherchez pas plus loin que enveloppe extérieur en enduit de ciment… Dans une moindre mesure le revêtement goudronné en périphérie parce qu’il n’est pas continu et contiguë aux murs…
Dites vous que pour l’heure, vous faites un footing habillé de la tête au pied avec un K-way !
Il n’y donc aucun mystère sur la provenance de l’humidité et ce n’est qu’un début.

C’est normal tant qu’il n’y a pas d’apport d’humidité en intérieur et tant qu’il n’y a pas de chauffage…
Le comportement thermodynamique de la construction a changé du tout au tout avec des travaux en procédés humides (c’est ce qui c’est produit avec votre enduit) et va continuer d’accentuer les problématiques avec votre emménagement, l’activité dans l’habitat et la mise en route du chauffage, notamment en favorisant et en accentuant très significativement les phénomènes de remontées capillaires… La construction va se comporter comme une véritable pompe à eau et 30% voir plus de la consommation d’énergie de chauffage ne produira pas d’élévation de température, puisque consommée par des cycles perpétuels d’évaporation d’humidité…

Ne changera rien à la problématique puisqu’une ventilation mécanique est dimensionnée pour renouveler l’air, évacuer une partie de l’humidité des pièces de service humides (cuisine, sdb, wc,) absolument pas pour évacuer l’excès d’humidité provenant d’autres sources comme les remontées capillaires…
D’autant qu’une ventilation mécanique procède par balayage, c’est à dire qu’elle transporte l’humidité d’un point à l’autre de la construction pour l’évacuer (c’est pour cette raison que les bouches d’extractions sont situées en pièces humides de service, chemin le plus directe pour évacuer l’humidité qui y est produite…CQFD

Le projet doit donc être remanié avec les éléments suivants :

  • La purge total des enduits de ciments en extérieur
    • soubassement
    • mais également en partie enterrée
    • 80 cm au dessus du niveau fini intérieur
  • Rejointoiement à la chaux NHL3.5 (pas de préformulé, pas de mélange « batards » qui contiennent 30 à 50% de ciment…

Si les désordres persistent ou apparaissent à d’autres endroits c’est qu’il faudra purger le ciment extérieur niveau par niveau successif. Pas d’alternative.

La présence d’un vide sanitaire est déjà un avantage ; pas d’intérêt impérieux à démolir le dallage bas.
Pour autant faut il que lui respire largement ; donc vérifier qu’il est ventilé naturellement et suffisamment ; ne cherchez en aucun cas à rendre le vide sanitaire hermétique ; en aucun cas. Vous devrez du coup peut être intervenir sur l’isolation du plancher bas RDC.
C’est pour l’instant ce qui pourrait vous éviter l’implantation d’un drain en extérieur.
A vérifier avec le temps… L’urgence étant de décrépir l’extérieur…

1 « J'aime »

Bonjour,
Merci pour ce diagnostic.
Je suis d’accord sur le fait que l’enduit ciment bloque l’évacuation de l’humidité vers l’extérieur, et que l’eau contenue dans la correction thermique et l’enduit terre a du s’évacuer par l’intérieur, et a laissé des traces.
Traces de quoi ? Champignons ? oxydes ?
Je suis cependant dubitatif sur le rôle des remontées capillaires car les taches sont situées entre 1m80 et 2m50 au dessus du sol. Est-ce que les désordres liés à ce phénomène ne sont pas plutôt situés en bas des murs ?
Je vais néanmoins dans un premier temps remplacer l’enduit ciment du soubassement par un enduit à la chaux, et voir comment ça va évoluer.
Le vide sanitaire est ventilé par des soupiraux, et les planchers isolés, car il y a une présence d’argon assez élevée :slight_smile:

Je n’ai pas dit que vos taches était du au remontées capillaires ; je vous indiqué que la présence d’un revêtement étanche et la mise en chauffe était de nature à initier le phénomène de manière très significative.
Le taches sont une des conséquences d’un enduit extérieur étanche, même à l’étage.
Tout excès d’humidité, d’où qu’il provienne produira les mêmes effets.

Facteurs favorisants :

  • vous ventilez par l’intérieur ; donc possiblement vous attirez l’eau de votre enduit et l’humidité du mur vers l’intérieur.
  • l’isolation est une laine et filasse de chanvre donc relativement hydrophile. Elle a pu jouer un rôle de sorption d’humidité.
  • L’ensoleillement peut avoir jouer un rôle en élevant la température des volumes.

Toutes choses égales par ailleurs, le principe des remontées capillaires est quelles sont ascendantes. En présence d’un revêtement étanche leur ascension est accentuée ; même principe que les montées de sève dans l’arbre ; prévoir ou elles apparaissent/rejaillissent est plus incertains.
Vos murs tels que vous les décrivez (mortier de ciment maigre), sont très capillaires.

Ce n’est pas parce que ce diagnostique n’est pas très accommodant pour votre projet qu’il est sans fondement.

Vous pouvez évaluer l’ampleur du phénomène avec un hygromètre de matériaux.

Traces vraisemblablement d’origine fongiques.

J’ai 2 projets de rénovation ou le solivage est pourrit alors qu’aucune trace d’humidité n’est apparent au RDC ; les murs ancien sont par nature hétérogènes.

Bonsoir,
Je ne remets pas en cause le diagnostic, j’essaie d’en mesurer l’ampleur et déterminer les conséquences.
Quand j’ai acheté la maison, les murs du sous-sol étaient enduit de ciment, et il y avait du salpêtre. De plus il y a un puits dans le sous-sol, dans lequel l’eau est à environ 5 m de la surface. La présence d’humidité n’est donc pas une surprise.

Ce soir, après 2 jours de pluie continuelle, j’ai fait des mesures d’humidité sur les murs du sous-sol avec un humidimètre à pointe, réglé sur le calibre « mortier de ciment ». Le taux d’humidité mesuré sur les joints varie de 3,5% à la base des murs à 1% en haut des murs. Sur les pierres (granite) le taux est de 1%, mais j’ai des doutes sur la pertinence de cette mesure. En parallèle le taux d’humidité dans l’air était de 75% et la température de 7°.

Au rez de chaussée, je n’ai pas de mur à nu, j’ai mesuré le taux d’humidité sur l’enduit argile, j’obtiens 1%, mais je ne sais pas si le calibre de l’humidimetre est adapté à ce matériau. Température de la pièce 12° et humidité de l’air 60%.

D’après ce que j’ai lu sur internet il y a beaucoup de confusion entre humidité des matériaux et humidité de l’air (même sur les sites de soi-disant experts en diagnostic), et les mesures de surface ne sont pas forcément très justes et il est préférable de travailler par comparaison entre zone sèche et humide. Le taux le plus bas que j’ai constaté sur le mur de refend qui traverse la maison de part en part et qui n’est pas soumis aux intempéries est 0,5%.

Est-ce que ces mesures sont pertinentes, et que dire de leurs valeurs ?

2 jours après les intempéries est bien trop court pour mesurer la différence d’humidité dont l’épisode pluvieux pourrait être la cause, d’autant que le revêtement extérieur est étanche, donc il faut attendre que les remontées capillaires soient à l’œuvre en fonction de différents critères et en premier lieu l’hygrométrie du sol.
1% pour des joints maçonnés est dans la normale ; au dessus de 2% on considère que c’est humide voir très humide. Cela varie avec les saisons, le régime pluviométrique, mais aussi la pression atmosphérique.
Les hygromètres abordables ont le défaut d’un grand manque de précision sur matériaux secs ou à faibles hygrométrie.

Même réflexion sur une mesure basse que la précédente.
60% est un taux d’humidité relative cohérent pour une construction.
Si les enduits ciment n’ont pas été purgé à ce niveau, soit la cave joue pleinement son rôle évapotranspiration, soit l’enduit ciment ne permet pas à l’humidité des murs de pénétrer dans le volume.
Le comportement changera avec la mise en chauffe et l’occupation du logement.

Dans la mesure ou l’unité de mesure est en %age, il ne peut s’agir que de mesure d’humidité relatives, que se soit pour un matériaux ou pour l’air et correspond au rapport, entre la quantité d’eau que contient l’air (humidité absolue) et la quantité maximale qu’il peut contenir pour une température donnée et ceci avant de se condenser.

Sinon l’humidité absolue serait exprimée en [g vapeur/kg air sec] présente dans un volume d’air sec donné (souvent 1m3) ou d’un volume de matériaux sélectionné et sa valeur reste constante même si la température de l’air varie en restant supérieure à la température du point de rosée.

Ce que je sais des appareils de mesure hygrométriques pour matériaux c’est qu’il faut commencer à mettre un sacré budget pour un multi-matériaux efficace et précis, notamment pour les mesures à faible et à très faibles hygrométrie. Ce n’est en définitive souvent qu’un Homs-mètre avec une section d’intensité/calibre pour distinguer les matériaux.

Hygromètre résistif

Ici on utilise comme capteur des résistances au chlorure de lithium, ce matériau(hygroscopique)a pour propriété d’avoir une grande résistance lorsqu’il est sec et une faible résistance lorsqu’il est humide. Hygromètre moins fiable que l’hygromètre capacitif (± 5 %).

Hygromètre capacitif

L’élément sensible de cet hygromètre est un condensateur dont le diélectrique est constitue d’un polymère très hygroscopique de quelques micromètres d’épaisseur qui absorbe les molécules d’eau contenues dans l’air.Les informations de cette sonde sont convertis en signaux numérique, puis affichés sur un écran digital.
Performance plutôt bonne (2% erreur).

Je pense que les mesures instantanée d’humidité relative ne sont pas pertinente dans votre cas ; ce qui peut l’être sont des courbes horaires hygrométriques adossée à des courbes horaires de températures et la variation renseigne sur le comportement hydrodynamique de l’habitat.

Mais je pense réellement que la provenance la plus évidente ne vient pas de l’air directement mais de l’isolant en panneaux sous enduit, par essence « spongieux », qu’il a absorber une partie de l’humidité provenant du procédé humide de mise en œuvre d’enduit et que des aller-retour d’humidité se sont produit entre l’intérieur ouvert à la diffusion de vapeur d’eau et l’extérieur fermé (aller-retour du aux différentiels de température intérieur/extérieur et prenant en compte la température de la paroi)
0 des température de 10-12° des champignons ont pu se développer lentement jusqu’à atteindre les surfaces d’enduit. Selon le type de champignons, les taches pourront être brossée et disparaitre une fois le complexe parfaitement sec ou subsister comme ayant marqué la masse de l’enduit.

Merci pour toutes ces informations et pour le temps passé.

1 « J'aime »