Statistiques autoconstruction

Bonjour à tous,

Est-ce que l’un ou l’une d’entre a connaissance de statistiques sur l’autoconstruction (en France principalement mais si il y a d’autres chiffres je suis preneur) ?
ADEME, INSEE, Ministères… je peine à trouver autre chose que la part de particuliers assurant leur propre maitrise d’oeuvre, ce qui reste très différent (rarement en l’autoconstruction ; et il y a de l’autoconstruction avec suivi d’un maitre d’oeuvre professionnel)

Est-ce que Twiza ou d’autres réseaux suivent leurs chiffres sur le nombres de chantier encadrés ?
Je précise que c’est dans le cadre d’un mémoire étudiant (architecte en HMONP) sur l’accompagnement des autoconstructions.

Merci :slight_smile:
Erwan

Bonjour Erwan,
Aucune statistique officielle a te communiquer, mais j’avais lu avec attention le mémoire de Marine Sigaud du CNRS (https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01575706v1/) et d’Adrien Chauvin de l’ENSA Nantes (https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01388635v1). J’imagine que tu peux essayer de les contacter. Sinon, tu peux joindre la Confédération nationale d’autoconstruction des Castors au travers d’une de leurs associations locales (Celle de Lyon est à ma connaissance la plus active).
Ensuite, la question est difficile car définir un auto-constructeur est une tâche ardue… Entre le bricoleur qui le week-end pose sa cuisine équipée et le bucheron qui construit une fuste à la seule force de sa hache il y a un monde ! Peut-être existe-t’il des statistiques sur le nombre de personnes qui signent eux même leurs plans de permis de construire ?
Bonne année 2025 et mes meilleurs vœux pour ton habilitation à la maîtrise d’œuvre !
Sébastien

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Bonjour,

En, effet les statistiques (réelles) manquent. Ce qui laisse circuler des inventions, comme celle sur les 5% d’autoconstruction sortie d’on ne sait quel chapeau :face_with_spiral_eyes:

Si tu différencie bien le neuf de l’existant, et donc l’autoconstruction de l’autoréhabilitation/rénovation alors en effet je n’ai rien trouvé, et je suis aussi très intéressé.


Si l’on regroupe toutes les pratiques participatives dans le terme « autoproduction » que celle-ci soit accompagnée ou non, alors tout ce que j’ai réussi à faire pour l’instant c’est reconstituer des ordres de grandeur à partir de statistiques de filières dans le but de comparer la production de logement réalisée :

  • à gauche, par les entreprises du bâtiment, à partir des statistiques FFB.
  • à droite, par les habitants en autoproduction, à partir des statistiques FMB et reconstruit par extrapolation (démonstration en suivant)

Démonstration : estimation de la valeur de la production de logement par les habitants eux-mêmes.

Nous souhaitons comparer la production de logements réalisée par les entreprises avec celle réalisée en autoproduction (par les habitants eux-mêmes). Pour que cette comparaison soit pertinente, il est nécessaire d’estimer à combien s’élèverait la production de logements en autoproduction si elle avait été réalisée par des entreprises.

Pour cela, nous avons examiné les différentes dépenses engagées par les entreprises pour produire des logements, au-delà des simples approvisionnements. Les hypothèses que nous avons retenues sont fondées sur plusieurs sources comptables concordantes, et sont résumées dans le tableau ci-dessous.

Type de dépense Entreprises Autoproduction
Matériaux, équipement et matériels 30% 100%
Salaires et cotisations sociales 35%
Sous-traitance 7%
Locaux et véhicules 8%
Communication / commerce 5%
Assurances et frais financiers 5%
Autres frais généraux 10%
Total 136 Mds € 24 Mds €

Les approvisionnements en matériaux, équipements et matériels représentent environ 30 % des dépenses des entreprises dans la production de logements, tandis qu’ils constituent 100 % des dépenses des autoproducteurs. En appliquant cette proportion, on peut estimer que si les autoproducteurs investissent 24 milliards d’euros en approvisionnements, la valeur équivalente de la production de logements réalisée par des entreprises serait d’environ 80 milliards d’euros.

À vous de jouer
Que pensez-vous des ces chiffres ?
La démonstration vous semble-t-elle compréhensible et consistante ?
Si non, merci pour vos suggestions d’amélioration car je compte me servir de ce type de support pour convaincre des partenaires institutionnels.

Cédric

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Bonjour Sébastien,

Merci beaucoup pour les liens, je n’avais pas celui d’Adrien Chauvin dont le sujet est très proche du mien !
De mon coté j’ai entre autres :
acheté [https://www.cosmografia.fr/produit/quelle-place-pour-larchitecte-dans-lauto-construction-pdf/](https://l’ouvrage de Claire GUYET)
Le mémoire de Paul BALLANGER « Auto-Écoconstruction. Comment accompagner l’auto-écoconstruction en France? » sur le site des Ensa

Il va falloir que je les potasse un peu plus, j’ai survolé pour l’instant.

Et effectivement il y a une vrai complexité de définition pour l’approche statistique ; je vais écrire sur le sujet en réponse au commentaire de Cédric !

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Bonjour Cédric, merci beaucoup pour cette réponse !

Je m’attendais bien à un manque de données, ça ne me surprends pas. Il y a j’imagine à la fois un manque d’intérêt pour le sujet du fait qu’il apporte peu de bénéfices aux principaux acteurs économiques de la construction ; et surtout une grosse difficulté de définition pour permettre une approche statistique sérieuse.


L’approche par la masse financière des matériaux a le gros avantage d’évaluer assez justement la part d’autoproduction puisqu’elle permet de dépasser le problème de la part d’autoproduction très variable d’un projet à l’autre.

Un bémol : la prise en compte du prix inférieur ou nulle de certains matériaux (en fourniture) plébiscités par les autoproducteurs par rapport aux concurrent industriels :

  • La paille de l’agriculteur du coin (part très importante de l’autoconstruction)
  • l’argile prise sur site, gratuite et non recensée
  • la tomette prise sur le bon coin, moins chère et non recensée
  • peut-être plus globalement la filière réemploi, il faudrait voir si les plateformes dédiées sont recensées et si oui la différence de prix

Autre bémol, mineur : l’absence de donnée sur les couts de location machine trop souvent non pris en compte dans les dépenses des auto-constructeurs


L’approche par projet à contrario est très compliquée. Si la moindre intervention en autoproduction suffit pour indexer un projet, on va se retrouver à comptabiliser tous les coups de peinture sur le BA13 posé par artisan (en supposant qu’on sache les référencer).

A l’inverse, le 100% autoproduction est rarissime et non représentatif de l’importance de ce principe. Où mettre la limite ? Comment recenser la donner ? Sur la base d’un échantillonnage contacté via les obtentions de PC ? Ce serait un gros travail nécessitant des financements conséquents. Peut être que l’ADEME s’y mettra un jour…


L’approche par les délivrances de PC est intéressante pour la différenciation auto-construction / auto-renovation puisqu’il y a une claire distinction entre les deux. A complexifier un peu avec les notions d’extension et de surélévation qui peuvent inclure une part d’autoconstruction dans l’a rénovation. Les cerfa distinguent désormais ces deux notions.


L’approche par accompagnement par un professionnel est une donnée importante aussi, mais qui va je suppose très vite se heurter au problème de la non définition de la filière. Elle m’intéresse néanmoins, d’où l’utilité d’interroger des réseaux. Ce ne sera pas de la statistique exhaustive, mais un recensement d’une donnée permettant de faire valoir un minima d’existence de la pratique en précisant bien que la donnée est incomplète. Ce qui reste une pratique assez commune en stats, c’est le cas pour la plupart des données géographique sur les pays du tiers monde par exemple. Certains statisticiens posent des hypothèses de correction de données pour se rapprocher un peu plus d’un résultat probable.

Réflexion à poursuivre, je posterai toute découverte !

Bonjour Erwan,

Il y a un rapport de l’Ademe d’octobre 2023 qui détaille quelques éléments intéressants (sur l’auto rénovation uniquement, pas de construction). La méthodologie est basée sur des ratios et des études antérieures, avec des chiffres un peu datés quand même. Le profilage des autorénovateurs est intéressant (partie 3) ainsi que le détail des lots réalisés en auto réno (figure 9).

https://librairie.ademe.fr/ged/8024/AutoRenoAccompagnee_Impact-economique-entreprises_Rapport_vf.pdf

@Cedric_TWIZA je ne comprends pas bien ta conclusion de 80Mds € en autoproduction. Si 24Mds sont investis en matériaux pour l’autoproduction, cela devrait correspondre à 68Mds de valeur équivalente produite par des entreprises (24Mds/35%) ?

Bien vu Thomas. Désolé pour le délai, j’étais persuadé d’avoir corrigé.
J’étais parti sur 35% tout au début de mes travaux, mais en approfondissant j’ai préféré retenir 30%. J’ai oublié d’actualiser mon texte.
Ça fait plaisir de voir que certains suivent de près :slight_smile:

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