Questions suite à la désolidarisation de mes enduits :

Bonjour à tous,

Le contexte : en 2016, j’ai réalisé une maison neuve en paille avec une structure ossature bois contreventée en lattis croisé 45° côté extérieur. Les murs sont protégés des remontées capillaires.

Torchis :

En extérieur, le mur paille a été recouvert d’un torchis avec de la paille longue.

Au total, depuis la paille 3.2 cm de torchis et depuis les lattes en bois de contreventement 1.2 cm. (Voir photo ci-joint)

Le torchis extérieur a été tiré à la règle et fini à la taloche. J’ai oublié de faire des griffures en surface, toutefois la surface présentait des petits trous et était légèrement rugueuse. (Voir photo ci-joint)

Gobetis :

Après 6 mois de séchage complet du torchis, j’ai projeté à la truelle un gobetis sur le torchis préalablement humidifié.

Proportion de mélange du gobetis : 1 volume de terre, 1 volume de gros sable en 0.4 et 1 volume de chaux NHL 3.5

Enduit de corps :

Une fois le gobetis sec, un enduit terre-chaux-sable a été appliqué avec une trame en fibre de verre au milieu. La surface a été passée à la taloche sur une matière encore humide, afin de créer un support rugueux.

Proportion du mélange de l’enduit de corps (ragréage), 15 mm d’épaisseur :

1 volume de terre argileuse, 1 volume de chaux hydraulique NHL 3.5 et 3 volumes de sable 0.4mm.

Enduit de finition :

L’enduit de finition a été réalisé 1 an après la pose de l’enduit de corps.

Proportion du mélange de l’enduit de finition, 8 mm d’épaisseur :

0.7 volume de terre argileuse, 1 volume de chaux hydraulique NHL 3.5 et 4 volumes de sable 0.4mm.

Au bout de 3 ans, j’ai constaté une désolidarisation de la surface de l’enduit de finition. Des plaques se détachaient régulièrement surtout en bas de mur. Ce qui tenait en haut du pignon avait plus de mal à se décoller, le passage avec un peu de force avec une spatule a aidé à décoller le reste.

Ensuite, un an après, l’enduit de corps est tombé d’un seul coup. Le fait que toute la surface ait été liée par une trame, a participé à entraîner le reste.

Les dégâts sont apparus en premier sur la façade du pignon Est sans débord de toit et ensuite, le mur Nord avec une avancée de toit de 40 cm a suivi.

Mes questions :

  • Selon vous, le décollement de l’enduit de corps pourrait-il provenir d’un manque de griffure sur le torchis ?

  • Est-il possible que l’enduit de corps avec ¼ de terre argileuse (caractéristiques élastiques) dans le mélange, crée des variations trop importantes donnant lieu à la longue au décollement du support en torchis ?

  • Le problème viendrait-il plutôt (ou aussi) du fait que les lattes bois derrière le torchis à 1.2 cm créent des variations (à cause de l’humidité provenant des enduits) trop importantes nuisant au bon maintien de l’enduit ?

Je fais appel aux professionnels ou aux auto-constructeurs qui pourraient connaître les causes de ce phénomène de désolidarisation, et qui auraient des solutions à me partager pour la restauration.

En vous remerciant,

Bien à vous,

![DSCF4547|666x500](upload://lT3apgJBtqdhpVEEOTJ6oxdQI6k.jpeg) ![DSCF4609|552x499](upload://z69iecLwpO7ImUM6khctJp88GT3.jpeg)

La suite du message avec les photos

Bonjour
Bien que préconisé et régulièrement utilisé, il a été constaté après plusieurs années des problèmes de décollement, fissuration sur les enduits à base de terre et chaux.
Je suppose que le RFCP a eu vent de ces soucis car ces enduits sont bcs utilisés en couche de finition extérieure sur la paille. Ils ont peut-être des solutions…

A titre personnel, si je mélange chaux et terre, j’utilise uniquement de la chaux aérienne. Elle est plus proche de la terre une fois carbonatée (car plus souple que l’hydraulique) mais aussi pour éviter le problème de gestion de l’eau lors de la prise. La chaux hydraulique et la terre ayant besoin d’eau, j’évite de les mettre « en concurrence »…à l’inverse, la chaux aérienne cédera sans souci l’eau à la terre.
N’hésitez pas à nous dire si vous trouver des réponses à ce problèmes.

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Merci pour ta réponse,
pour information luc Nepal ma répondue par mail avec une réponse similaire à la tienne.
voici sa réponse :
« si votre mur est à 100% en terre crue, pour avoir un enduit le plus élastique possible, le mieux serait d’utiliser uniquement une chaux aérienne (pas une chaux hydraulique).
Mais avec la chaux aérienne vous ne pouvez pas recouvrir une couche rapidement. Il faut lui laisser le temps de faire prise (si possible 1 mois) avant de poser la finition dessus.
Alternative : Appliquer une seule couche de sable et chaux aérienne de moins de 1 cm et dessus un badigeon (pas une finition). »

Un membre du RFCP « Dirk Eberhard » avait comme information que sur le devant du torchis certain enduiseur agrafé sur les lattes bois a travers le torchis une trame en aluminium. l’important que ce soit des agrafes, c’est qu’elle offre la possibilité à la trame de bouger légèrement.

Que vaut la toile de jute pour le même usage ?

Avec plaisir…
Comme le précise M.Nepal, il est risqué de recouvrir trop rapidement un enduit à base de chaux aérienne. Egalement, il est déconseillé de faire des enduits à forte épaisseur avec cette chaux car la partie intérieur de l’enduit ne pourra bénéficier de l’air extérieur pour faire sa prise.
Il existe cependant des solutions pour limiter ces deux problématiques en accélérant la carbonatation ou en facilitant l’apport d’air en profondeur.
A titre personnel une nouvelle fois (je précise comme pour mon 1er message car il ne s’agit que de mon expérience et connaissance sur les enduits…), j’utilise :

  • pour accélérer la carbonatation : du sable de ponce. C’est un agrégat qui active la carbonatation et accélère donc la prise de l’enduit.
  • pour les fortes épaisseurs : de la fibre. C 'est le principe des enduits chaux/chanvre qui malgré leur forte épaisseur permettent la prise de la chaux aérienne. La fibre présente contient de l’air et agit comme un tunnel pour l’air extérieure vers la partie intérieure de l’enduit.

La toile de jute convient pour tramer sur torchis. Dans tous les cas, il est nécessaire d’agrafer la trame sur le torchis avec des agrafes inox car présence de chaux dans l’enduit de corps.
Mais dans une telle config, je ne suis vraiment pas certains que le tramage soit nécessaire car vous êtes en présence d’enduit similaire (terre dans torchis et enduit de corps) et il n’y à pas de bois ou matériaux non adhérent.

Le problème pour moi est plus dû aux variations de comportement de chaque couche.
Il est nécessaire de toujours conserver une cohérence de souplesse entre chacune. Egalement, on essaye de toujours appliquer une couche plus souple sur une couche plus dure et non l’inverse.
Lorsque l’on regarde la composition de vos couches, l’enduit de corps est bcs plus dur que le torchis et bcs trop chargé. La dureté aurait été limité par la chaux aérienne et aurait permis d’être plus cohérente avec la dureté du torchis.
Il aurait également été nécessaire de diminuer la quantité de liants dans votre couche de corps. Votre enduit est quasiment dosé à 2 pour 3 (2 liants pour 3 charge). Je ne connais pas le dosage en argile de votre terre mais communément, on se retrouve plus avec des enduits dosés avec : 1Vol de terre / 10 à 20% de chaux (% du vol par rapport au vol de chaux) / 2.5 à 3Vol terre

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Pour information, ma terre avais plus que 50% d’argile et très collante, donc effectivement mon enduit était très chargé en liant.

Concernant le diamètre des grains de sable de ponce ou en classique, est t’il plus judicieux de faire la faible couche d’enduit de corps avec du sable en 0.2 ou 0.4 ?

Le sable de ponce est utilisé en complément de ton sable classique à raison de 1/3 de ton volume de charge (1 vol de chaux / 1 sable ponce / 2 sable classique)

La granulo du sable de ponce est généralement du 0-3mm.

En couche de corps de 15mm, j’utilise du 0/4 car :

  • moins cher ;
  • on part du principe que l’épaisseur max d’un enduit (non fibré) est de 3 fois l’épaisseur du plus gros grain. (0/4 > 4mm le plus gros grain donc environ 12mm max par passe d’enduit.)
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effectivement avec 50% d’argile et autant de chaux… c’est très chargé.
En fait, c’est comme si tu avais créer une croute sur ton torchis qui était tellement dur qu’elle n’a pas suivi les variations structurelles de tes murs+torchis.
A mes yeux, plus que la trame comme tu le dis, c’est ca qui à fait que l’enduit de corps est tombé d’un coup. Sur la fin, il était uniquement solidaire de lui même mais plus du tout lié au torchis.

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Bonjour,

Très bonne réponse de la part de AnthoB, je suis tout à fait d’accord avec vos propos.
Une chaux trop peu souple par rapport à de l’argile et une part trop importante accordée aux liants… C’est après s’être fait avoir que l’on retient mieux ce genre d’infos.

Enfin je propose mes recommandations :
Pas d’utilité de gobetis sur une surface déjà rugueuse, uniforme et perméable.
Pas plus de 1cm/1.5cm par couche. Finition 8mm c’est tout bon.
A propos de la chaux aérienne, je ferais plutôt une première couche CL/NHL 2 avec un sable genre 0.4mm/ épaisseur 1cm
Puis une finition à la chaux aérienne plus fine.

Concernant l’ajout d’argile dans les enduits ext, comme mentionné plus avant dans les commentaires, il me semble qu’il y a beaucoup d’incertitudes

Si jamais, pour pallier au manque de certitudes justement, je proposerais l’accroche d’un nergalto sur le lattis avant tout enduisage.

Amicalement,

Nathanaël

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Bonjour Nathanaël,

Merci pour ton retour.
A refaire pour un prochain chantier, je me demander ci faire un griffage sur la surface avec une spatule de carrelage par exemple, ferait une différence pour l’accroche d’un enduit chaux hydraulique NHL 2 ou aérienne ?

Bien à toi
François

Oui tu peux griffer l’enduit avec une griffe de zingueur

Bonjour à tous,

J’ai eu d’autres retours d’expérience de la SCOP de Dirk Eberhard au sujet de ses chantiers d’enduit chaux réalisés il y a plus de 10 ans.
Il a constaté que les enduits chaux sur torchis se décollaient au bout de 8 ans en moyenne.
Les enduits à la chaux aérienne avaient tendance à mieux résister, mais finissaient tout de même par se décoller.
Les enduits exposés aux intempéries étaient ceux qui cédaient en premier, mais ceux qui étaient protégés par un débord de toit finissaient aussi par se décoller à cause du changement de température extérieure brutal.

D’après Dirk, les solutions pour un enduit durable sur torchis seraient d’avoir un support bien griffé et d’ajouter un enduit de corps avec : sable fin ou sable de ponce, chaux aérienne et fibres.
Ensuite, pour éviter que l’humidité n’atteigne le torchis, la peinture en silicate en couche de finition sur l’enduit de corps est une très bonne solution pour freiner l’humidité par capillarité tout en étant ouvert à la vapeur d’eau.

L’enduit chaux sur torchis griffé fonctionne, car d’après des retours d’expériences sur les maisons en colombages, les enduits fins avec de la fibre avaient tendance a très bien tenir. Le seul entretien à faire était d’appliquer un nouveau badigeon à la chaux au besoin.

La pose d’un bardage reste une solution très sûr pour les parois exposées, dans les règles pro de la construction paille, c’est justement mentionné d’appliquer un bardage sur les façades très exposées à la pluie.

J’en conclus que le torchis en support d’enduit a plutôt sa place côté intérieur de la maison où les variations de température et la pluie ne sont pas présentes.

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Bonjour,
merci pour ces retours d’expériences très instructifs. Je suis complétement d’accord avec ta conclusion François. De mon point de vu la règle de base serait de réserver les supports d’enduit en terre crue uniquement pour les enduits de finition en terre en respectant dans la mesure du possible une dégressivité dans la souplesse des matériaux (on privilégiera ainsi un enduit de finition plus souple que la couche qui le recevra). Pour les supports qui accueilleront des enduits chaux en finition il est nécessaire que le corps d’enduit contienne au moins une part de chaux surtout a l’extérieur. A l’intérieur on peut tout à fait se contenter d’un ajout de jus de crottin dans le mélange afin de polymériser le support. les décollements d’enduit chaux sur terre/paille qu’il se fassent plus ou moins tardivement suivant la qualité de la mise en œuvre et le respect du ratio masse/liant sont en effet très fréquents.

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