Quel soubassement sur des fondations en pneus ?

J’ai un projet d’autoconstruction d’une maison en paille porteuse et toit végétalisé extensif. La maison est un rectangle 13*6 m pour 55m² habitable environ. Les mûrs enduits de terre font un peu plus de 50 cm d’épaisseur. Le terrain est parfaitement plat en vallée de Garonne au sud de Toulouse.
J’envisage des fondations en pneus (environ 60 cm de diamètre pour 20cm d’épaisseur chacun) remplis de gravier. Le retour d’un bureau d’étude de sol ayant utilisé des pneus pour des autoroutes est assez favorable à cette technique (un pneu peut supporter plus de 70t, il doit juste être protégé des UV). Le bureau d’étude suggère de superposer plusieurs rangées de pneus pour qu’ils reposent à la profondeur hors-gel de 50 cm (ce qui me paraît surdimensionné par les temps qui courent).
Au sol, je prévois 15cm de béton chaux/pouzzolane sur un hérisson de 20 cm et pour finir un parquet ou bien une chape de béton d’argile.

Ma question porte sur le soubassement sur lequel reposera la lisse basse du mûr de paille. Il fait le lien entre la fondation en pneus, la dalle et le mûr. D’autres l’ont fait avant moi, mais les infos que j’ai trouvées sur internet ne sont pas assez détaillées pour pouvoir avancer. 3 solutions semblent émerger :
1- une 3ème rangée de pneus en guise de soubassement
2- prolonger la dalle sous le mûr, ou bien un soubassement en chaux pouzzolane coulé avant la dalle
3- un caisson en bois rempli de balles riz faisant à la fois office de soubassement et de lisse basse,
4- autre technique ?
Quid des ponts thermiques en pied de mûr ?

Je précise que j’essaye d’éviter le traditionnel béton. Je recherche des techniques plus écologiques, économiques en fournitures, accessibles à un débutant, et si possible simples à mettre en œuvre.
Merci d’avance pour vos retours.

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Bonjour Olivier,

La fondation en pneus est :

  • continue (appareillage des pneus entre eux) ?
  • discontinue (constitué de plots isolés les uns des autres) ?
    Si vous aviez un croquis sommaire en coupe de l’assise, cela permettrait de comprendre les contraintes en question.

Je serais vous je respecterais la préconisation ; « les temps qui courent » faisant référence au « réchauffement » climatique, et bien souvent source de représentation faussées. Aussi une augmentation de la moyenne des températures ne signifie pas hausse des moyennes de minimum de température.
Aussi il est toujours plus judicieux de parler de « dérive » climatique, ne mettant pas à l’abri de cycle gel-dégel, tout au contraire. Des épisodes froids seront conservés et selon les latitudes et territoires, ils sont annoncés comme tout à la fois moins long mais bien plus marqués.
Il faut rendre en considération les 2 critères qui définisse un risque :

  • les chances qu’il a de se réaliser.
  • les conséquences si il se réalise.
    Dans ce sens, un risque prétendument faible pourra dévoiler des conséquences particulièrement grave, irréversibles voir irrémédiables.

bonjour, l’utilisation de pneus enterrés est tout sauf écologique. On n’a aucune connaissance sérieuse sur les adjuvants composant la gomme et donc aucune certitude sur le fait qu’il soit totalement insoluble. Donc le principe de précaution suggère de ne pas les enterrer. Surtout que les solutions de recyclage de la gomme existent. D’autre part il serait étonnant en vallée de Garonne que vous ne soyez pas sur un sol alluvionnaire, donc attention à la portance réelle de ce sol. Une étude de sol est absolument nécessaire même si la maison est " légère". Ce qui peut vous amener à avoir un sol portant à 6 m de profondeur voir plus. Si c’est le cas il faut faire des pieu. 2 solutions :

  1. de la buse béton (eh oui mais c’est un minimum) remplie de gravier ou petits galets so 2) des pieux en bois dur. Dans les deux cas le sol de la maison sera en solive bois sur vide sanitaire et les murs reposerons sur des longrines en bois reposant sur les têtes de pieux cela règle en même temps la question du pont thermique sol/mur
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J’envisage de positionner les pneus côte à côte pour ceinturer le hérisson, sauf s’il existe une technique plus simple pour ceinturer le hérisson, auquel cas je pourrais me limiter à des plots. Voici un schéma :

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Le seul matériaux biosourcés qui peux reprendre des contraintes de traction suffisante pour cette configuration est le bois.

La/les lisses basses correctement dimensionnées pourraient remplir cette fonction comme sur une configuration de plancher bois sur plots.
Les lisses deviendraient porteuses.
Il faudrait 20cm de garde au sol entre le terrain fini et le bois.

Il faudrait éviter de faire reposer les extrémité de dalle sur vos pneus ; le dallage est sur terre-plein donc désolidarisé des fondations/soubassement.

Il n’y pas d’isolation en plancher bas ? RE2020 ?

Je ne comprend pas ce qui contrevient aux tassements différentiels du gravier dans les pneus en fond de fouille ? Les graviers vont se tasser et s’enfoncer dans le sol et les pneus ne reprendront plus les contraintes mentionnées (70T) ; je serais curieux de voir vos échanges avec le BET favorable a un tel montage en fondation. (pneus + garnissage gravier…) et notamment évaluation de sa portance (NDLR 70T) d’autant que ce n’est pas une unité usuellement utilisée ; on parle d’unité de poids par unité de surface ou de pression en bars…
Il faudrait à minima que le garnissage en gravier soit stabilisé à la chaux NHL5. (et encore)

l’inconvénient de la liste basse porteuse et qu’elle rajoute 20 cm de hauteur. Pour cela il faudrait donc que je rajoute une rangée de pneus. Autant utiliser cette rangée de pneus comme soubassement. Il faut aussi que je la remplisse d’un isolant.
La pouzzolane fait office d’isolant dans la dalle.
L’inconvénient des pneus est qu’ils sont arrondis, ils ne forment donc pas un bord droit pour ceinturer la dalle. Il faudrait donc positionner les murs non pas au centre des pneus mais côté intérieur afin que la dalle ne repose pas sur les pneus. Il faudrait aussi que la dalle passe en partie sous les murs pour boucher les trous entre les pneus
Les pneus sont posés sur un géotextile. Ensuite on pose un carton pour boucher le fond du pneu et on le remplit de graviers tassés à la masse. Normalement le mur doit reposer sur toute la surface du pneu quitte à mettre une galette en bois qui épouse la forme du pneu. Les graviers ne devraient pas s’enfoncer dans le sol.

Alors le soubassement ne peut être que maçonné.
Le R d’une dalle chaux/pouzzolane est vraiment très limité. La question était liée à la conformité de la RE2020. C’est d’autant plus dommageable avec la performance attendu par un mur paille…

Bouchez les interstices entre les pneus avec un mortier et indépendamment de la mise en œuvre de la dalle.

Quand aux fondations en pneus sans stabiliser le garnissage, ni sans reprendre des contraintes de traction, (lisses ou appareillage des pneus) je reste plus que sceptique sur la stabilité dans le même plan à plus ou moins long terme (fluage), et dans le prolongement de cette analyse, sur la durabilité des enduits qui revêtiront les bottes de paille, des nez de dallage voir de la dalle tout entière…

Si par exemple les pneus ne sont pas croisés, il seront montés en coupe de sabre.

L’expression imagée « coup de sabre » désigne traditionnellement une succession de joints verticaux alignés. Cet alignement vertical des joints, qui va de pair avec la pose des pneus « en pile d’assiettes », est considéré comme un défaut de construction, source inévitable de désordres.

Effectivement, une règle élémentaire de la maçonnerie à sec est l’imbrication verticale des éléments lors de la superposition des assises, de façon à obtenir des joints croisés ou découpés. Le respect de cette règle assure la cohérence et la stabilité du voile.

Bonjour,
Nous avons réalisé ces fondations sous une maison avec un mur porteur en pisé. retour d’expérience sur 5 ans : cela n’a pas bougé. Nous avons respecté les 50cm hors gel Soubassement pierre et chaux hydraulique. Vous pouvez consulter les vidéos de la construction ici : https://scop-houself.fr/references/maison-laboratoire/.
Je suis en partie d’accord avec @bernard-crozel , il y a pollution du sol à court terme si le pneus sont en l’état ( recouverts d’huiles et d’hydrocarbures). A très long terme (milliers d’années) s’ils ne sont pas soumis aux UV. Mais c’est un réemploi plus viable que le seul enfouissement sans autre utilité et moins polluant que leur incinération. Ceci dit, il y a encore à mon avis de la recherche à faire pour leur utilisation en sécurité pour l’environnement local, par exemple un cercle de plantes dépolluantes autour de la maison etc…
Mais gardons en tête que le réemploi de pneu est encore moins polluant que l’utilisation de béton de ciment, la pollution liée au béton se fait juste en amont est paraît « invisible » (pollution des sols et de l’eau pour l’extraction des matières premières, dégagement de C02…)
Bonne journée

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Bonjour Raphael,
J’avais vu vos vidéos sur youtube. Ce sont elles qui m’ont inspiré entre autres. J’avais été impressionné par ce travail, en particulier le choix d’utiliser un matériau différent pour chaque mûr.
Du coup ces vidéos amènent plusieurs questions :

  • souvent on remplit les pneus de gravier pour limiter les remontées d’humidité, or les 2 premières couches de pneus sont remplies de terre
  • il est dit que les pneus de la 3ème couches sont reliés entre eux, par quel système ?
  • il me semble avoir lu que la résistance mécanique de la chaux n’étant pas la même que celle du ciment, il fallait faire des soubassements 2 fois plus large que le mûr
  • à l’intérieur sur quoi repose le plancher de palettes ?
  • quel isolant au sol ?
  • comment avez-vous géré les ponts thermiques pied de mûr/sol ?
  • Peut-on visiter cette maison laboratoire ?
    Merci pour ton retour
    Olivier

Bonjour,
deux remarques : la filière de recyclage des pneus pour récupérer la gomme (qui est une matière noble) d’une part et la carcasse métallique d’autre part existe et se développe ,il est important que les milieux écolos aident à son développement plutôt que de les enfouir même si c’est pour de bonnes raisons. L’extraction des matières premières (calcaire et argile, ou marnes et sables) pour le ciment n’est pas plus polluante que celle de la chaux, En production de CO² pour la fabrication la différence est faible : 1450 ° pour le ciment contre 1100 à 1300° pour la chaux. Il y a plus d’énergie au broyage du clinker de ciment que pour le broyage de la chaux . Donc ne pas mythifier la chaux et ne pas diaboliser le ciment du point de vue GES. en revanche les avantages techniques de la chaux ne sont plus à démontrer. Tout cela pour dire et redire que les fondations sur pneus sont une aberration écologique et qu’il vaut mieux employer des buses en ciment comme coffrage à remplir de galets ou de pierres locale

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Réflexion très intéressante, et je vous rejoins sur la chaux et le ciment. Le développement des filières de recyclage est une excellente nouvelle et je préfère en effet voire les pneu recyclés que enfouis, même en fondations. Mais tout recyclage a aussi un coût énergétique, même si on réutilise la matière recyclée, il ne faut donc pas que cela soutienne une certaine idée faussée de l’écoconception de certains produits sous prétexte qu’ils peuvent être recyclés. Le réemploi est le recyclage le plus souhaitable, sans transformation d’aucune sorte.
Ceci étant dit, si nous devions refaire ce projet, nous nous orienterions vers des pieux bois + chaux du type des fondations romaines anciennes afin d’essayer de développer cette technique, plus durable et où le coût environnemental à long terme est moins incertain. Car je ne soutiens pas à 100% les fondations en pneus, c’est un palliatif à notre trop grande quantité de déchet et aux problèmes énergétiques mais il y a un risque que je ne sais pas évaluer (et je ne connais pas d’étude sérieuse sur le sujet, je suis preneur d’informations complémentaires)

Bonjour, merci pour vos questions.

  • Nous voulions économiser du gravier (nous ne soutenons pas l’érosion par les carrières, même locales). Une couche suffisait pour éviter les remontées capillaires
  • Liaison par tirants métalliques et boulonnage. Je ne sais pas évaluer l’efficacité et la durabilité de cette technique. C’est notre côté ceinture et bretelles.
  • Nous avons un mur d’envions 6 tonnes, soit 3.5 T/m2 de pression sur le soubassement. La chaux a fissuré lors du pisage (foulage) mais n’a plus bougé ensuite. Mais si vous voulez être tranquille il faudra faire une note de calcul. Notez que si nous avions eu une ossature en bois (donc des appuis ponctuels) nous aurions surement renforcé le soubassement. Ici nous n’avions que des murs à appui linéique (pisé, paille porteuse, palettes et bois cordé) donc avec des cas de charges les plus favorables.
  • Il repose sur… des pneus ! toujours eux :wink:
  • Plancher isolé en terre paille
  • Nous ne l’avons pas géré, nous l’avons accepté, ce n’est pas une maison à vocation « haute performance ». Si je voulais le gérer, je ferais une isolation périphérique du plancher en liège (en lisaisi avec les isolants des murs) 4cm suffisent
  • Oui la première semaine de mai si cela vous intéresse nous y serons ! Elle est située dans la vallée de la Barousse (65). Messages en privés pour le reste des détails.
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Bonjour Raphael,
merci beaucoup pour toutes ces précisions. Je t’ai adressé un email via l’adresse de SCOP HOUSELF.
Cordialement,
Olivier