Peut-on faire des enduits de finition toute l'année ?

Bonjour,

Dans notre rénovation d’une vieille longère dans la Manche nous avons fait poser un correcteur thermique à même la pierre en granite sur une surface de 70m2. C’est un correcteur thermique à base de chaux-chanvre projeté sur environ 9cm d’épaisseur. La pose c’est déroulée à la mi-août tout à l’air de bien sécher.

Nous souhaitons réaliser des enduits de finition terre avec la terre granitique de notre terrain et de la paillette de chanvre. Après quelques essais, la recette sera celle-ci : 1 terre, 2 sable, 1 de paillette et 1/2 de chaux cl90. Nous souhaitons commencer les enduits le 17 octobre en chantier participatif.

Ma question est la suivante, est-ce pertinent de commencer des enduits après deux mois de séchage du chaux-chanvre et est-ce judicieux de faire ça durant le mois d’octobre ?

Par avance merci !

Bonjour,

De mon point de vue et retour d’expérience, il est préférable d’attendre que l’enduit correcteur soit sur la fin de séchage mais pas totalement sec (j’utilise un hygromètre sur les projets que j’accompagne). Le mieux serait de se référer à la fiche technique chaux/chanvre du fabricant de liant, voir de les contacter, ou de préciser ici la recette de votre mélange, notamment si elle est particulière (ajout de sable pouzzolanique par exemple)

Pour ce qui est de la mise en œuvre d’un enduit de finition en intérieur, sur le principe il n’y a pas de contre-indication sur la saison de mise en œuvre.
Néanmoins, il faut prendre en considération si le volume est hors d’air et/ou chauffé, c’est à dire quelle température pourra être maintenu pendant l’exécution, la prise et le séchage de l’ouvrage. Si la chaux se travaille entre 5° et 30°, la mise en œuvre est bien plus confortable et facilitée entre 15° et 20° plutôt qu’à 7° ou 27°… (la température d’exécution a notamment un impact sur le temps de début de prise et les phénomènes de dessiccation, c’est à dire de déshydratation pouvant affecter la qualité du mélange, son application, son aspect fini.)
Éviter tout de même les grandes amplitudes thermiques jour/nuit comme en altitude par exemple.
Dans le même esprit, protéger l’ouvrage de l’exposition directe du soleil. (l’hiver le soleil est bas et son rayonnement approche la perpendiculaire du support ; il peut induire surchauffe de l’ouvrage, ou dessiccation donc un risque de faïencage)
Pour autant il faut également favoriser le séchage par l’aération significative du volume autant que possible sans enfreindre les recommandations précédentes.

J’espère avoir pu vous apporter les éléments à prendre en compte pour décider du calendrier de l’ouvrage. N’hésitez pas à revenir ici pour si d’autres questionnements apparaissaient.

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Merci d’avoir pris le temps de me répondre! Ça répond parfaitement à ma question. Je vais me renseigner pour le taux d’hygrométrie pour que mon chaux chanvre soit presque sec avant d’appliquer l’enduit et continuer à être vigilante sue la ventilation. Un grand merci !

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Je n’ai aucune réponse technique à apporter celle de Jen-Patrick étant très bien mais je voulais juste dire que c’est très beau ce que vous avez fait! Bravo!

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Bonjour,

Réponse tardive, mais retour d’expérience tout de même.

Nous avons isolé nos murs en pierres de rivière (mortier de terre) avec 15cm de béton de chaux-chanvre formulé (Tradical).
Le temps de séchage documenté est équivalent à celui dont nous avons fait l’experience cet été: environ deux centimètres par semaine.

Sur la base d’avis de « pros » nous avons attendu le séchage complet avant de nous lancer dans les finitions… donc nous avons gardé de la poussière de chaux et de chanvre dans les pièces pendant presque deux mois. Ça nous a aussi empêché de travailler sur le plancher.

Puis je suis tombé sur des bouquins et des retours d’expérience qui disaient que dans la mesure où le corps d’enduit est en chaux aérienne, il y a un bénéfice à faire l’enduit de finition dans la semaine qui suit, surtout si il contient de la chaux aérienne car la rétractation sera plus homogène…

Sur le coup ça m’a fait râler d’avoir attendu presque deux mois pour rien.

Récemment nous avons fait la séquence gobetis + corps d’enduit + enduit de finition
en chaux-sable, avec un mix NHL/CL adapté, en une semaine chrono. Il faisait 15°C et le temps était humide. Trois jours après nous avons installé le poêle à bois à 20cm de ce mur, et nous l’utilisons tous les jours depuis…
L’enduit sèche magnifiquement bien. Pas une trace de faiençage.

Et nous avons aussi mis un corps d’enduit sur le chaud chanvre. Bien sûr il faut mouiller ! En fait il faut re-humidifier quelque chose qui était déjà humide il y a quelques mois !

Évidemment j’ai re-pensé aux conseils reçus : clairement les conseillers n’avaient pas expérimenté autre chose…

Nos 15cm de chaux-chanvre ont relâché de l’humidité de surface pendant environ 4 semaines. Si nous avions su que l’enduit de finition pouvait être fait à ce moment là, nous serions dans nos 55m2 complètement aménagés depuis deux mois.
Nous devrions pouvoir faire le corps d’enduit de la salle de bain et le tadelakt d’ici la fin de la semaine. Et emménager complètement à la fin de la semaine suivante.
Ça va bien se terminer mais avec des délais que nous n’aurions pas eu à subir si les « pros » avaient mis leurs conseils en perspective de leur expérience réelle. J’ai appris ma leçon. Maintenant je demande : « vous avez déjà essayé autrement ? »

Donc ma réponse est :

  1. tant que la température est entre 5°C et 30°C, il n’y a pas de contrindication à faire un enduit de chaux-* intérieur,
  2. et dans la mesure où il faut travailler sur un support humide, il y a tout intérêt à exploiter l’humidité naturelle de surface d’un enduit de chaux aérienne fraîchement dressé,
  3. mais de toutes les façons il faut sentir l’enduit que l’on prépare en termes d’adhérence, d’humidité et de plasticité pour que le résultat soit celui que l’on attend,
  4. en consequence nous « osons » faire nos propres mélanges NHL/CL en fonction du cas de figure, et nous sommes prêts à assumer nos erreurs.

Que la Force soit avec vous :wink:

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Bonjour
Je réponds un peu tardivement.
Je suis surpris que personne ne parle de la carbonatation ; en effet, la prise d’un enduit chaux sable ou chaux /chanvre ne se limite pas au temps de séchage, mais au temps que prendra le CO2 dans l’air pour s’intégrer à la chaux et refaire du calcaire
Un peu de chimie :
Calcaire = Ca CO3
Chauffe à 900° le CO2 part = CaO (chaux vive)
Extinction avec H2O
Si on veut retrouver le calcaire, il faut que la phase de carbonatation ait lieu pour redonner CaCO3
Voir la vidéo de Rebat bio sur les caractéristiques de la chaux (YouTube)
La chaux aérienne (CL) ne fait sa prise qu’à l’air on compte environ 1mm par mois, la chaux hydraulique (NHL) a une prise hydraulique et une prise aérienne… pour la NHL5 (la plus hydraulique) on compte 100 jours … à titre de comparaison, le ciment (prise hydraulique uniquement) c’est 28 jours.
Il faut donc respecter absolument cette carbonatation et ventiler les pièces pour que le CO2 de l’air fasse la prise de l’enduit
Cordialement

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j’ajouterai qu’il y a aussi des périodes plus propices, tant par la température que par le taux de CO2 dans l’air. Le printemps et l’automne sont au top, le printemps par le réveil des végétaux qui éjecte beaucoup de CO2 et les températures douces, l’automne pour la putréfaction des feuilles qui éjecte énormément de CO2, nécessaire à la carbonatation d’une chaux aérienne