ITE sur mur en pierre?

Bonjour à tous,

Voilà plusieurs mois que nous sommes en réflexion sur notre projet de rénovation écologique d’une bâtisse en pierre.

Vu le contexte écologique et maintenant energético-economique nous souhaitions effectuer une réno approchant les standard passifs.

Le batiment actuel est en pierre de champs (pas de la belle pierre de taille ou de schiste), mais jointée au chaux sable. La charpente est à changer, ou tout du moins à remettre en place. De ma lecture du batiment je pense que le fait d’avoir retiré le plancher intermédiaire (ce n’est pas de mon fait :grinning:) a désolidariser les murs de facade et augmenter les charges de la charpente sur la tete de mur ce qui à eu pour conséquence une chute des entraits et donc un affaissement de la charpente.

Bref beaucoup de boulot de gros oeuvre qui a pour mérite de permettre une rénovation globale.

Actuellement non pensions le projet ainsi (dans les grandes lignes):

  • éboulement de la façade sud, en mauvais état, et composé de plein d’anciennes entrées de différentes hauteurs.
  • Montage en retrait de la façade sud d’une ossature bois paille qui supportera la futur sablière de charpente
  • mur serre en façade sud avec serre intérieur (dans le style des earthship)
  • isolation par l’extérieur (idéalement en paille mais j’ai peur de la migration de la vapeur d’eau…) avec bardage ventilé vertical en châtaigner naturel

Mon gros point d’interrogation reste l’ITE:

==>Je vois dans certains endroits qu’une ITE, sous réserve de continuité de la perspirance (est ce le cas avec le complexe décrit ci dessus?) est l’idéal avec des bâtis en pierre car on garde toute l’inertie à l’intérieur, top en été et agréable en hiver). Surtout que chez nous le bâtiment est « moche ».

==> mais d’autres (notamment la CAUE44 qui fait des très bonnes conférences) sont catégoriques: pas d’iTE sur les bâtis en pierre car non respect du patrimoine archi et technique pas adaptée.

J’aurai souhaité un dernier avis, et idéalement un retour d’expérience avant de prendre une décision et avancer sur notre projet!

Merci d’avance à la communauté!

Bonjour,

C’est toujours délicat de se prononcer sur des prescriptions sans avoir pu inspecter le bâtiment, pris connaissance du projet et de son environnement.

D’autant que votre question oppose des considérations différentes, l’une architecturales (aspect), l’autre concernant des dispositions techniques (performance, efficacité durabilité), les 2 approches étant, parfaitement fondée.

D’un point de vue thermique, la performance obtenue en rénovation dépend de bien des facteurs comme la gestion de l’humidité par remontées capillaires dans le bâtit ancien, la disposition des ouvrants, notamment leurs tailles et orientations, et l’inertie comme vous l’avez souligné, ou encore les autres surfaces isolées (planchers et toitures), la cohérence de l’ensemble étant capitale pour décider des choix techniques.

J’ai malgré tout j’ai envie de vous demander si vous avez envisagé les solutions chaux/chanvre ou chaux végétaux que se soit en ITE ou ITI. Leurs capacités de régulation hygrométriques étant parfaitement adaptée au contraintes du bâtit ancien et permettent de conserver une inertie suffisante tant pour le confort d’été que pour le stockage des calories l’hiver.

Merci pour cette reponse tres complete!

J’ai pu observer tout l’hiver apres avoir oté l’enduit ciment:pas de remontees capillaires apparentes. En plus du drainage interieur extérieur j’ai prevu de rehausser de 30cm/terrain naturel.

En intérieur enduit chaix sable en pierre vue.

Oui le chaux chanvre en intérieur a ete envisagé mais j’aurai aime trouvé des infos sur cette capacite calorifique. La solution pourrait etre de commencer par du CC puis selon confort poirsuivre sur une ITE.

Cote ouverture rien au Nord excepté la porte d’entrée du sas (qui permet de ne pas avoir une ouverture direct sur l’exterieur) et tout au sud.

Concernant le drainage intérieur (hérisson ventilé ?) et extérieur, vous avez bien fait de le prévoir ; pensez qu’il s’agit de drain d’air ou drain ventilé et pas uniquement un drainage d’eau ruisselante.
C’est à dire qu’il faut prévoir un avaloir en point bas et un exutoire en point haut (une cheminée si le terrain n’offre pas de dénivelée). Ce sont eux qui permettent la circulation d’air dans le drain par convection et assure l’assèchement des parois.
N’hésitez pas à prévoir une nappe drainante à excroissance (type Doerken Delta MS) pour favoriser la circulation d’air le long du soubassement (parties de murs enterrées)
Notez également que le rejointoiement des pierres en soubassement doit être vérifié, suivi ou repris pour éviter les infiltrations.

Concernant le chaux/chanvre, il est inapproprié d’effectuer la comparaison des seules propriétés thermique du matériaux par rapport à un autre.
En effet une grande partie du gain de performance obtenu est lié à la régulation hygrométrique de la paroi et du volume isolé ; en effet, le chanvre une fois minéralisé par la chaux autorise une quantité importante d’humidité sans que ces propriétés thermiques soient impactées.
Il faut garder à l’esprit que même si le problème de remontées capillaires semblent avoir été traité dans votre projet par équilibre d’évaporation exercée par la ventilation des drains, il en restera toujours une part, et cette part sera intensifiée par les différentiels de température intérieur extérieur (donc l’hiver). Une quantité d’énergie significative sera donc consommée pour l’évaporation et le cyclage de la vapeur d’eau dans le bâtit ancien, et qui peut atteindre jusqu’à 20% du besoin de chauffage alors que cette réaction physique crée du froid (puisqu’elle consomme des calories.

Cela s’appuie sur les règles thermodynamiques suivantes :

  • L’air chaud peut contenir beaucoup plus d’humidité que l’air froid.
    (L’air chaud du volume se charge en humidité provenant des murs, les murs asséché « pompent » l’eau du sous-sol par capillarité.
  • L’air chaud est irrémédiablement attiré par les surfaces froides ou volume d’air froid
    (cet air chaud chargée 'd’humidité n’a de cesse que de rejoindre les parois plus froide ou le volume extérieur en traversant le complexe. Dans cet exercice cyclique, l’air chaud se refroidissant redépose son surplus d’humidité en surface de parois plus froide (condensation) ou dans le complexe (point de rosée)
    Un cycle de réfrigération est ainsi engagé perpétuellement à partir de l’énergie consommée pour votre chauffage (ce qui peut paraitre absolument contre-intuitif). Plus je chauffe, plus je crée une part de refroidissement…

C’est pourquoi, un complexe isolant permettant de stocker de l’humidité sans que ses propriétés thermique soient réduites répond parfaitement à ce cas de figure ; c’est le principe de performance des complexes chaux/chanvre et qui n’est pas directement lié à sa conductivité thermique propre.

Si vous ne trouvez pas d’information suffisante sur les complexes chaux/chanvre, c’est qu’il y a autant de résultats que de recettes.
On dissociera ainsi les enduits correcteurs (4 à 7cm), des bétons 12 à 20cm voir au-delà et qui peuvent eux aussi être recouvert d’enduit chaux chanvre de finition 2 à 3cm ou laissé brut.
Notez que les recettes, épaisseurs, peuvent être différentes d’une pièce à l’autre, d’une paroi à l’autre, notamment en ITI, ou selon l’orientation/exposition des murs extérieurs en ITE.

Je vous invite par exemple à consulter la base documentaire du site

Nous pouvons continuer d’échanger ici ou plus directement si vous avez besoin d’autres informations.

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Encore merci pour une réponse une nouvelle fois très complète!

J’avais ces notions en têtes mais elles sont bien précises maintenant! peut être une question bête mais si je réalise une ITE, mes murs en pierres sont normalement en volume « chauffé » et donc n’ont plus d’effet de paroi froide et sont censées « rayonnées » de la chaleur emmagasinée?

Pourrait on imaginer une ITE et un enduit terre en intérieur éventuellement? Cela ne permettrait il pas de:

  • conserver les propriétés thermiques de l’ITE
  • bien gérer les surplus/variations d’humidité par la capacité hygrométrique de la terre

Désolé je pousse un peu ma réflexion pour être sur de mon choix et essayer d’appréhender tous les paramètres!

Merci beaucoup pour la base documentaire!

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Je vous en pris, quitte à proposer des réponses sur le forum, autant qu’elles soient le plus complètes, sensiblement pertinentes et un minimum justifiées.

Ce que je comprends de nos échanges c’est que vous avez une préférence marquée pour l’ITE.

Oui la pierre sera dans le volume chauffée. Cependant c’est un matériaux conductif donc froid. Si l’idée semble bonne, je ne suis pas en mesure de vous dire si un enduit terre seul est susceptible d’améliorer le confort intérieur dans ce cas de figure.
De quelle épaisseur sont les murs ? Sont-ils double (2 murs pierre avec liaison pierre ou bois -notez au passage que c’est peut être l’absence de liaison suffisante qui a rendu possible la dégradation de votre mur sud jusqu’à l’état de ruine- ?
Le cas échéant, ont ils été remplit avec de la terre, du sable ou ourdis totalement à la chaux ?
L’inertie c’est bien, mais trop d’inertie peut révéler des effets pervers car en plus de chauffer un volume et les matériaux d’agencement, il faudra élever la température du volume de pierre.
Le stockage et la restitution de calories s’effectuant par différentiel de température matériaux/air du volume chauffé, il faut, pour que cela soit efficient que le mur se soit réchauffé dans sa quasi totalité.
Je suis maitre d’œuvre et quand un projet m’amène à devoir éclaircir ces questions, je m’en remets à un thermicien, si possible spécialiste du bâtit ancien.

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Hum non je n’ai pas de préférence en fait je cherche juste le meilleur compromis confort/performance energétique et au jour d’aujourd’hui je suis plus sur l’ITE mais vos informations me rendent encore plus indécis dans mon choix (mince ce n’était pas le but premier :sweat_smile:)

Actuellement nous sommes dans une maison en pierre non isolée avec juste un enduit terre à l’intérieur par contre blindée en isolation au plafond (40cm de ouate de cellulose soufflée) et des menuiseries de qualité. L’enduit a apporté une bonne étanchéité à l’air et n’est jamais froid. On va voir ce que ça donne en ressenti cet hiver (après le bonheur de ne pas dépasser les 23.5°C cet été pour 40°C dehors!) car l’hiver dernier les enduits n’étaient pas du tout sec (réalisation fin octobre à cause d’une procédure d’achat compliquée).

Mais revenons à nos moutons:

Le mur est d’un seul et même tenant et je pense seulement en sable très limoneux (caractéristique de la région) qui à une bonne cohésion. Les enduits de base en chaux sable pour les parties qui n’avaient pas été recouverte de ciment sont de bonne facture et tiennent très au niveau des pierres.

Effectivement il faut garder la pierre « chaude » et donc ne pas trop tarder à chauffer ou optimiser les apports solaires (l’objectif avec la serre solaire).

J’ai fait appel à un thermicien spécialiste de l’ancien mais il a été très honnête en m’indiquant qu’il ne pouvait pas me sortir de simulation thermodynamique pertinente car les modèles thermiques actuels ne sont pas adaptés à l’ancien.

Je crois qu’il va encore falloir prendre le temps de la réflexion!

Je ne suis pas étonné que les outils de modélisation thermique ne soient pas adaptés mais peut être faut il chercher coté « retours d’expériences » directement. Même si personne ou presque, ne fait la publicité d’un projet qui n’a pas tenu ses promesses, ce sont pourtant ces retours là qui sont les plus constructifs.

Gardez à l’esprit que le gain de performance s’obtiennent par une approche systémique, qui prend en compte les apports solaires, l’étanchéité à l’air, la gestion de l’humidité, l’isolation et l’inertie.
Je ne suis pas certain que le choix d’une ITE ou ITI influence très significativement les gains de performance par rapport au même bâtiment non traité. Mais de ce point de vue je reste ouvert à des argumentations qui viendraient étayer le contraire.

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Oui c’est dommage ce manque de retour d’expérience. Mais décrire un ressentit serait de toutes façons peu indicatif, chaque personne étant différente.

Je pense qu’on va partir sur ce projet en jouant beaucoup sur les apports solaires et l’absence d’ouverture au Nord, une forte isolation en toiture et une bonne étanchéité à l’air/gestion hygrométrique par un enduit CC intérieur. Il sera toujours temps de réaliser une ITE dans un second temps car cela n’aura pas d’impact sur la structure du projet (si on anticipe des débords de toit).

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