Bonjour à tou.te.s,
Je souhaite isoler mon toit en sarking dans le cadre d’une rénovation complète de ma maison en pierre en Haute-Vienne et je ne trouve pas de réponse à ma question. Pour des raisons esthétiques et techniques (largeur de la bande de rive notamment) je me demandais s’il était possible de diminuer l’épaisseur de la ligne de toit en faisant une isolation mixte sarking/intérieure en cumulant, en partant du haut sous les ardoises et les liteaux:
20 cm de fibre de bois au-dessus des chevrons (sarking à proprement parler) entre poutres en I;
platelage;
isolation entre chevrons (8 cm);
sous les chevrons à l’intérieur, 4 à 6 cm de fibre de bois.
Je crains cependant des problèmes de condensation. Une lame d’air bien placée et une membrane bien posée permettraient-elles de résoudre ce problème ?
Ce procédé serait-il envisageable en auto-rénovation ? Le charpentier couvreur qui referait la couverture serait d’accord pour installer la structure. Je m’occuperais de mettre en place l’isolant.
Si vous avez des conseils, n’hésitez pas, et si je me plante complètement, n’hésitez pas non plus
Pour contrer les désagrément de surépaisseur en sarking il existe plusieurs stratégies.
Leur arbitrage est interdépendant de la configuration en dépassées de toiture ou non, et de l’isolation des murs (ITE ou ITI).
Il est possible de ne pas isoler la toiture sur l’épaisseur des mur lorsque les murs sont en ITI et sans dépassés, et de rehausser la maçonnerie ; c’est une sorte de trompe l’œil où l’épaisseur de la couverture semblera inchangée par rapport à l’existant.
En climat de montagne, avec dépassées et ITI toujours, les épaisseurs sarking sont très marquées 400 mm. Les hauteurs de bandeaux sont divisées par 2 ou par 3 (souvent pas tout à fait égale pour des raisons esthétiques), et les bandeaux sont posés avec un décalage dans le plan. Cela ne convient pas à tout les contextes architecturaux.
J’ai du mal à visualiser votre configuration, pourriez-vous éditer un croquis en coupe ?
Ce qui m’intrigue c’est votre mention d’une lame d’air en sarking. Mise à part en sous couverture, une toiture chaude ne doit pas intégrer de lame d’air ventilé (à la rigueur immobile)…
Le sarking est avantageux pour la pose de membrane car les points singuliers de traversées de charpente sont inexistant… Changer de configuration dans le même plans proposera des points singuliers délicat à traiter correctement.
Vous pouvez vérifier la cohérence de votre complexe, sa performance thermique, ses risques de condensation sur Ubakus
Merci Jean-Patrick pour ces éléments très intéressants ! J’ai omis de préciser que sur 3 faces, il y aurait une ITE laine de bois + bardage. La façade serait en ITI. Le débord de toit est à peu près le même sur les 4 faces (40 cm).
Je ne suis pas bon (du tout) en croquis, mais voici ce que ça donnerait:
(les pointillés marron/orange représentent l’isolation entre chevrons).
Pour les épaisseurs, voici ce à quoi je pensais:
fibre de bois sous toiture: 20 cm (R=5,5)
fibre de bois entre chevrons: 8cm (R=2,2)
fibre de bois sous chevrons: 6 cm (R=1,65)
Soit un R total de 9,35 dans le meilleur des cas. Si l’efficacité de l’isolation entre chevrons est diminuée par deux, j’imagine que ça reviendrait à R=8,25 (mais le calcul est sans doute plus compliqué).
L’épaisseur totale de la toiture (au-dessus des chevrons) monterait à 20mm (platelage) + 200mm (isolant) + 40mm (lame d’air) + 40mm (litelage) = 300mm + ardoises.
Je me demande comment éviter la condensation sous le platelage dans la mesure où on doublerait le sarking par une isolation en sous-toiture.
J’essaierai Ubakus mais ça va nécessiter un temps de prise en main
Attention à la gestion du pont thermique dans le changement de stratégie ITE/ITI.
Pont thermique non pas en tant que vecteur de déperdition significative mais en tant que face froide intérieur (face ITE) qui va attirer l’air chaud, potentiellement plus chargée en humidité et qui condensera sur la face plus froide… (thermodynamique)
Là on rentre dans un vaste sujet et débat.
Les R que vous mentionnez sont ACERMI, donc issu d’une réglementation d’évaluation et non des R académiques et scientifiques.
La résistance thermique ou la conductivité thermique n’est en effet pas une valeur constante mais une valeur variable (voir Loi de de Fourier)
Or dans la construction la conductivité thermique d’un matériau, et donc sa résistance thermique, est évalué avec un gradient de température face froide/face chaude de 10°, une température de matériau de 24° max et traversée par un flux thermique de conductivité… Bon… Il faut noter que ce qui a prévalu à cet arbitrage est de se protéger du froid…
Seulement voilà, en sous couverture, les éléments de couverture peuvent atteindre 80° l’été et parfois bien plus (surtout votre ardoise minérale sombre…) ; en plus la température du matériaux sera plus élevé que 24° et le mode de transmission du flux thermique ne sera plus la conduction mais le rayonnement.
Autant vous dire que pas grand monde n’est capable de vous donner la performance réelle de votre complexe en période estivale. (à part des étudiants en laboratoire matériaux qui auront choisi d’en faire leur sujet de thèse de fin d’étude…)
Certains explique les températures ressenties (donc les température des revêtements intérieurs par le déphasage, ce n’est pas faux, mais il est surtout question de l’augmentation de la conductivité thermique de l’isolant…
Tout cela pour vous dire que je vous invite fortement à sélectionner un écran sous toiture (pare pluie aluminisé (et microperforé pour la perméabilité à la vapeur d’eau… Il sera une barrière efficace contre le rayonnement des éléments de couverture en été !
Nb la différence entre un écran sous couverture et un écran pare pluie (tout 2 pare pluie) :
L’écran sous toiture est implanté sur support discontinue (lambourdes, chevrons, liteaux…)
Le pare-pluie est implanté sur support continue (OSB, CTBH, voliges, etc)
C’est important de les dissocier car ce n’est pas la même résistance au déchirement…
Ensuite se pose la question du choix du frein vapeur :
Il devra être d’un Sd 5x plus élevé que le Sd de l’écran sous toiture. (Sd en mètres = coefficient de perméabilité à la vapeur d’eau ; plus il est faible, plus il est perméable ; HPV = Sd < 1m donc hautement perméable à la vapeur d’eau ; concerne les écrans sous toiture et les pare pluie)
Le frein vapeur pourra être implanté à 1/3 du R du complexe ; donc selon vos chiffres, il est possible de l’implanter sous chevrons avant l’ITI…
Votre complexe est donc défini sans risque de condensation !
A confirmer sur Ubakus…
Effectivement, il faut prévoir une membrane pare-vapeur (ou frein vapeur en fonction) côté intérieur. Il faut également prévoir la membrane pare-pluie HPV (haute perméabilité à la vapeur d’eau) juste au-dessus des 20 cm de fibre de bois.
La lame d’air ventilée doit se trouver au-dessus du pare-pluie, sous la couverture. Ubakus est relativement simple à prendre en main et te permettra de vérifier qu’il n’y a pas de risques dans cette configuration.
Pour la résistance thermique finale R de ton complexe, cela reste une valeur théorique comme l’a expliqué Jean-Patrick. Ubakus te permettra néanmoins d’avoir une valeur R qui prend en compte les ponts thermiques linéiques créés par chaque pièce de bois qui traverse l’isolant. La diminution peut se situer autour de 15% de la performance de l’isolant seul.
@Jean-Patrick et @nicolas_thepaut, merci beaucoup pour vos réponses qui me permettent de faire bien progresser ma réflexion ! Je reviendrai sans doute avec des questions quand j’aurai décortiqué tout ça