Bonjour,
En tout début d’élaboration d’autoconstruction d’une maison GREB de plein-pied d’environ 60 m carré, nous sommes en réflexion « fondations ». Nous voulons 1) éviter le béton et 2) pour différentes raisons, des pilotis et une dalle bois.
Les fondations cyclopéennes nous semblent intéressantes mais nous ne trouvons pas d’infos sur la possibilité de mise en place pour des semelles isolées et des plots (idem à ce qui se fait en béton armé). Est-ce faisable, conseillé ou pas, qui a des retours d’expériences…?
Merci d’avance !!!
Bonjour Maroussia,
Il n’y a pas de fondations universelles, il n’y a que des fondations adaptées aux caractéristiques géotechniques de votre sol qui s’opposeront mécaniquement à votre projet, que se soit en matière de typologie de fondation, de dimensionnement, de profondeur d’ancrage.
Les fondations cyclopéennes isolées peuvent s’envisager si la capacité portante du sol est suffisante, relativement homogène d’un point à l’autre de l’assise de la construction, et si vous n’êtes pas en zone parasismique Z3 ou Z4.
Leur profondeurs varient selon la profondeur hors-gel (département/altitude) ou la profondeur hors sec dans le cas ou le projet serait situé en zone d’aléa de retrait gonflement de sols argileux (RGA) voir sur https://www.georisques.gouv.fr/
Ce qu’il faut avoir à l’esprit dès qu’il est question de fondations cyclopéennes à la chaux.
A contrario des fondation en béton armé, les fondations cyclopéennes à la chaux ne peuvent être armée (renforcée par des armatures). Aussi les tensions en traction ne peuvent être reprises par des armatures métalliques et doivent être dispersées dans les dimensions et la masse matériaux de la fondation unitaire.
L’idée reçue selon laquelle des armatures en bambou pourraient être introduites dans une fondation cyclopéenne et reprendre les contraintes de traction ne fait pas consensus, car il n’y a pas assez d"adhérence entre le bambou et la chaux ; un fer à béton est profilé et strié pour lui conférer cette adhérence à l’interface liant/armature, et c’est un des éléments qui propose aux bétons armée leur résistance.
L’autre argument de taille est que l’on n’a jamais retrouver trace de cette technique d’armature bambous dans des fondations cyclopéennes historiques, même lorsque la ressource en bambous était disponible à proximité immédiate…
Puisqu’il faut disperser les contrainte de traction dans la masse matériaux, une fondation cyclopéenne est bien plus large et bien plus haute qu’une fondation en béton armé.
On notera au passage que la descente de charge dans la fondation obéit à un angle de 60°.
Les dimensions ci-après sont spécifiques à un projet léger (poids de la construction + charge d’exploitation pour projet de plein pied + contraintes climatique neige et vent limitée) et sur fondation continue. Elle ne correspondront sans doute pas à votre projet.
Suivant les descentes de charge et la capacité portante du sol, pour des fondations isolées en béton armée on est déjà souvent sur des dimensions 65x65, 80x80, 85x85, 90x90, 105x105, 110x110 (standards d’armature de fondation isolées +10cm d’enrobage)
Aussi il apparait que la quantité de matériaux, d’agrégats, et de liant nécessaire à la réalisation d’une fondation cyclopéenne, sera supérieur à celle demandée par la réalisation des fondations conventionnelles en béton armé et d’un tout autre ordre de grandeur.
Cela propose un impact significatif sur le budget des fondations, mais pas selement.
L’autre aspect moins connu mais parfaitement vérifiable, à rebours des idées reçues, et parfaitement contre intuitif est que la chaux dispose d’un bilan des GES un peu supérieur à celui du ciment à quantité égale. Si l’on résonne à résistance mécanique équivalente il faut encore plus de chaux, donc l’écart se creuse encore.
Vous trouverez les empruntes environnementales des matériaux de construction à partir de méthodologies d’analyse de cycle de vie sur la base données INIES qui est la base de données environnementales et sanitaires de référence pour la construction et le respect de la RE2020
Les raisons sont multiples et je pourrais y revenir si vous le souhaitez.
alors o peu bien discuter de la pertinence de la méthodologie, mais l’avantage qu’elle propose est que cette méthodologie reste la même pour chaque produit étudié ; elle conserve de bonne chance d’être un outil comparatif à ne pas négliger.
Donc si l’on résume un impact un peu plus marqué, et une quantité nécessaire beaucoup plus importante, font que la justification de le choix de la fondation cyclopéenne en construction neuve (et je dis bien en construction neuve) peut se discuter.
Pour ma part je prescrit énormément d’ouvrage à la chaux, mais principalement en rénovation du bâti ancien ou se dévoile incontournable, ou bien dans des ouvrages de parement d’enduit intérieur/extérieur en projet de construction neuve, quand ses propriétés d’adhérence, de souplesse, et de perméabilité à la vapeur ne sont égalées par aucune autre solution.
Je ne vends ni ne reçoit de commission sur la vente de ciment et je connais le poids de son impact globale, je vous prie de le croire. Mais son ordre de grandeur de volume d’emploi dans la construction de logement individuel est en réalité marginale.
Ce qui fait le besoin de béton en France comme dans le monde est à rapprocher de la constcution des bâtiments et des équipements collectifs et d’infrastructures dont nous profitons tous (infrastructures d’éducation, de santé, de loisirs, de mobilité, de logistique, de commerce, de production industrielle et agricole, et l’habitat collectif en zone dense (qu’il serait délicat de penser répartir en zone moins dense en moins de 100ans ; d’autant que la maison individuelle n’est peut être pas le modèle de vertu écologique que 'l’on se représente…
Bref pour conclure, si il est un ouvrage ou j’avance qu’il propose des avantages techniques à la conception comme à la mise en œuvre, des avantages économiques sans pour autant alourdir l’impact environnementale d’une construction, c’est bien dans l’emploi dans des ouvrages de fondations d’habitation individuelle…
Bonjour et un grand merci pour cette réponse détaillée, les liens très intéressants et vos avis !
Difficile effectivement de faire un choix et j’entends bien les arguments que vous avancez. Reste aussi d’autres options comme les techno-pieux mais dans un autre ordre de prix également. Ou l’option pneus et graviers mais l’impact pneus à même la terre + graviers est aussi à considérer. Nous avions aussi pensé pilotis en bois mais très peu de retour à ce sujet. Reflexions à poursuivre donc !
Vous tombez bien j’ai accompagné des projets avec chacun de ces typologies de fondations.
Dans tous les cas aucune ne propose d’universalité d’implantation ou de compatibilité projet.
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Les pieux vissés (car il n’y a pas que Technopieux) : ils apportent une réponse et un avantage lorsque le besoins de terrassement sont conséquents car ils peuvent ainsi être limités ou lorsque l’accessibilité du chantier est délicate, difficile ou incertaine, notamment par des engins de terrassement, ou quand un brise roche est incontournable et qu’il alourdis très largement le budget du lot terrassement, fouille de fondations comprises.
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L’option pneus et graviers : ce type d’ancrage peut être envisagé uniquement sur des terrains particulièrement stables, portants et drainants et pour des projets dont les contraintes mécaniques propres sont à rapprocher des HLL habitations légères de loisirs de petit gabarit.
D’un point de vue purement mécanique des agrégats dans un pneu ne peuvent pas être considérés comme une fondation d’habitation individuelle, c’est à dire transmettre toutes les contraintes du projet au sol sans se déformer eux même. -
pilotis en bois : C’est la solution la plus technique et il faudra valider les sections, les implantations et des dispositions particulières de contreventement qui peuvent être nécessaire, par rapport à votre sol et vos descentes de charges projets. Le bois de classe 5 sera de mon point de vue un impératif pour justifier d’une durabilité > 15/20ans ; c’est à dire des essences exotiques ; un bois traité classe 4 ne sera pas suffisant et probablement pas admis par l’étude.
De mémoire il me semble que l’association Hameaux Légers a construit des batiments sur pneus et notemment un batiment collectif relativement important. Après je ne connais pas la nature de leur sol etc. mais ça semble bien fonctionner pour eux comme dans d’autres projets lorsque bien mis en oeuvre. Les pieux bois portent Venise, Notre-Dame de Paris et autres depuis des siècles mais ça demande un terrain bien humide, ailleurs je ne sais pas, ça semble un peu technique effectivement ou en tout cas encore peu mis en oeuvre. En tout cas merci pour ces précisions !!
Alors il faut se rapprocher d’eux.
EDIT : Renseignements pris, il s’agit d’un bâtiment réversible (au sens de la loi ALUR), qui ne proposent pas du tout les mêmes contraintes qu’une habitation au sens des différentes réglementations (structurelles, thermiques, réseaux, etc.
Et selon les dossiers techniques que je viens de parcourir, les constructions faisant état de fondations sur pneus le sont sur des sols drainants et sur des territoires ou la profondeur hors-gel n’excède pas 40 cm, c’est dire si cela écarte la moitié du territoire national…
Cela m’étonnerait que ces dispositions ai été tranchées empiriquement par des auto-constructeurs, non-initiés, ou sans aucune forme de compétences, d’ingénierie, sans dispositions particulières et sans impact aucun sur les ressources humaines et budgétaires…
Si il doit être question des constructions qui ont traversés les ages, il doit être aussi question de celle qui ont été mise à l’état de ruine par défaut de compétence à la conception ou à la réalisation, et qui sont bien plus nombreuses que celles restantes. Et celles là, on ne les voit pas, puisqu’elle ne sont plus, et comme tout projet mis en échec, on n’est un peu moins enclin à en faire la promotion, ou à dépenser de l’énergie intellectuelle pour en expliquer les causes exactes, hormis dans les milieux spécialisés.
Sur le projet auquel je faisait référence, les pieux bois ont été ancrés à plus de 7m de profondeur pour dépasser l’horizon géologique insuffisamment portant.
Enfin, et c’est tout le sens de mes interventions dès qu’il est question de géotechnique, la dérive climatique propose aujourd’hui et pour longtemps encore, des modifications très significatives et évolutives de comportement des sols, qu’ils s’agissent de sols argileux, rocheux, ou même sableux.
Ce qui n’était pas un critère à prendre en compte il y a encore 20 ans dévoile aujourd’hui des problématiques techniques pour lesquelles les solutions ont un impact sur le budget voir sur la faisabilité du projet tout entier, ou si l’on décide de faire l’impasse, sur une éventuelle garantie de durabilité de la construction.
Notez par exemple que 45% du territoire Français est en zone d’aléa de retrait gonflement de sol argileux, et ces aléas sont en toute première position des causes de désordres et sinistres d’origine naturelle dans la construction depuis 2014, alors qu’avant on en entendait parler que sporadiquement…
Et c’est loin d’être le seul facteur de changement de paradigme dans le choix d’une typologie de fondation, de son dimensionnement et de sa réalisation.
Pour conclure, je ne prétends pas qu’il y ait d’impossibilité systématique à réaliser des fondations alternatives, je propose que c’est loin d’être adapté partout et/ou à tout projet, que certaines dispositions peuvent entrainer des surcouts par rapport à d’autres solutions et je conseille très fortement de se faire accompagner par des professionnels compétants avant d’arbitrer typologie et dimensionnent.
Bonjour, je ne sais pas si j’arrive trop tard, mais effectivement il y a plusieurs solutions de pieux vissés, dont ferropieux, franco français.