Anne,
Une grande partie de vos inquiétudes n’est pas fondée.
Vous trouverez ci-joint de quoi vous rassurer, j’espère, sur les conséquences du non respect des DTU ; c’est un article très détaillée en argumentaire, en référence juridique y compris les jurisprudences. Sa source est Dalloz, qui est LA société d’édition française de référence en matière de droit et d’actualité juridique.
Je comprends très bien votre démarche et je la salue. Pour autant aucun architecte, aucun maitre d’œuvre ne connais tout sur tout, et jamais rien ne remplacera l’expérience, lorsque l’on souhaite aller au delà d’un cadre théorique. Dans cette démarche, il y a des domaines qui vous passionneront et d’autres dont vous ne ferez jamais vos spécialités.
Les architectes que je connais ont bien souvent une forme de stratégie qui est la suivante :
Au niveau conceptuel ils restent souvent vague lorsque le sujet ne leur est pas familier,
Ils sous-traitent des éléments techniques à des professionnels spécialisés (assainissement, thermique, structure bois, structure béton, géotechniques, etc)
lls laissent bien souvent les études d’exécution aux titulaires des marchés de travaux.
Et surtout au grand surtout ils entretiennent un réseau de compétences spécifiques susceptibles de les orienter, conseiller et informer de réussites, de déboires, de difficultés techniques et de solutions apportées, bref de retours d’expérience par procuration.
C’est sans aucun doute ce dernier point qui est a développer en tout premier lieu.
Et tout comme la lecture de l’intégralité des DTU ne se ferait pas en un jour, la constitution d’un réseau professionnel est une démarche longues et permanente.
D’autant que les DTU ne sont pas nécessairement intégralement compréhensibles lorsque l’on exerce pas dans le corps de métier concerné et que, bien souvent, les uns renvoient aux autres, voir à d’autre cadre réglementaire comme les Eurocodes ou à des règles professionnelles particulières comme les chapes fluides, les toitures végétalisées, l’étanchéité en climat de montagne, la construction paille, les bonnes pratiques de la construction en terre crue, qui ne sont pas traités dans le DTU ou avec des carences significatives.
Tout les moyens sont bons pour apprendre dans tous les domaines.
Si je dispose d’une expérience significative d’exécution à peu près TCE, j’apprends encore de chaque projet, de chaque chantier, de chaque échange avec un professionnel, tout simplement parce que chaque projet est différents, que chaque MOA est différent, que chaque autconstructeur est différent, que chaque artisan ou chef de chantier d’une entreprise est différent.
D’autant qu’en matière de conception, le diable ne se cache pas dans les parties courantes qui sont toujours parfaitement décrites, détaillées et expliquées, mais dans les détails et les points singuliers dont chaque projet est garnis.
Ici même j’apprends, lorsqu’une question est posée, que je souhaite y répondre, que je souhaite vérifier la probité d’un commentaire qui me paraitrait biaisé ou incomplet, que je souhaite vérifier si l’état de l’art à évolué, si des désordres sont référencés. Alors je cherche, je recoupe, je consulte jusqu’à une parfaite compréhension d’un système ou d’un procédé, de l’environnement de mise en œuvre qui draine son lot de contrainte et les manières d’y répondre.
Les informations des fabricants et des filières sont parfois éclairante.
Pas mal de publications sont gratuite au CSTB, au FCBA à l’AQC, au CREBA… des MOOC sont proposés…
La revue Les Techniques de l’Ingénieur est également accessible ; plus que de décrire des contextes règlementaires, y sont décris des principes physiques, chimiques, les méthodes, qui sont sommes toute, la base de tout acte de construire donc de concevoir.
Les éditions Eyrolles proposent la liturgie technique complète de la construction, pour tout niveau de compréhension, et certains ouvrages sont bien souvent bien plus compréhensibles que les informations contenus dans un DTU.
Quand il s’agit d’explorer les propriétés des matériaux et composites je me tourne vers la revue scientifique Construction and building materials, qui contient beaucoup de publications francophones, mais une large exhaustivité d’études internationales anglophones (j’ai beaucoup appris sur les propriétés des mélanges chaux-chanvre, chaux terre, etc, au travers d’étude non-française)
construction-and-building-materials
La base de données INIES est intéressante d’un certains point de vue.
Beaucoup trouveront cela curieux, mais j’ai découvert les métiers du bâtiment au travers d’une bible des désordres et des sinistres ; souvent bien plus pertinent sont les explications sur les causes d’échec, d’erreurs, d’omissions, d’impasses ou même seulement d’imprécision et quoi de plus jubilatoire de découvrir ce qu’il faut faire ou ne pas faire à la seule lecture des erreurs des autres.
Mais n’oubliez pas : le réseau, votre réseau comme source intarissable, précieuse et irremplaçable.