Conseils techniques pour couler une chape béton sur dalle en bois pour inertie

Bonjour,

Nous construisons une annexe sur technopieux avec une dalle bois, une ossature bois et une isolation en paille.

La périphérie de ce bâtiment est en poutre lamellée-collée de 440x160 mm. Au milieu de la surface, il y a une poutre lamellée-collée de même taille, divisant ainsi la dalle en deux sections. À droite de la dalle, la longueur des solives est d’environ 2,5 mètres, tandis qu’à gauche, elle est de 3,6 mètres. Les solives mesurent 75x360 mm et sont recouvertes d’un plancher OSB de 22 mm.

Les solives reposent sur un tasseau support de 45x45 mm, solidement vissé et cloué. Le bois utilisé est du Douglas, tout comme pour l’ossature. L’entraxe entre les solives est de 40 à 45 cm.




Nous avons effectué une étude thermique et prévoyons d’isoler la dalle avec 360 mm de ouate de cellulose. Notre thermicien nous a conseillé de couler une chape de béton de 5 cm pour l’inertie du bâtiment. Nous avons quelques questions à ce sujet :

  1. Les solives peuvent-elles supporter une chape de 5 cm, sachant que ce sera le sol fini avec éventuellement 2 mm de béton ciré ?

  2. Nous prévoyons de mettre une natte de désolidarisation. Que conseillez-vous comme solution qui servirait aussi de pare-vapeur, sachant que nous aurons une VMC double flux et que l’étanchéité à l’air est cruciale ?

  3. La natte de désolidarisation suffit-elle pour éviter les fissures, ou faut-il armer le béton ?

  4. Faut-il ajouter autre chose en plus de la natte, comme du polyane (par exemple, le polyane bleu remontant de 5 cm sur les murs) ?

  5. Le tasseau de 45x45 mm peut-il soutenir la dalle ou faut-il le renforcer ? Nous avons 2-3 cm de marge et pourrions ajouter un autre morceau de bois pour le renforcer.

Si vous avez d’autres suggestions pour notre situation, n’hésitez pas à les partager.

Nous vous remercions beaucoup d’avance pour votre aide et nous vous disons à très bientôt.

Bien cordialement,
Audrey et Yiannis.

Bjr, Pour votre projet, je crois qu’il vaut mieux chercher à mettre de l’inertie dans les parois verticales.

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Bonjour Audrey & Yannis,

C’est l’ensemble du plancher qu’il faut étudier et pas seulement les solives…
5 cm de chape béton renvoie une contrainte de 115 à 125 kg/m2, dons c’est loin d’être négligeable.
Pour étudier le plancher il faut aussi :

  • évaluer les autres descentes de charge occasionnées par les closions (perpendiculaires ou parallèles aux solives) et tout autre élément structurel reposant sur le plancher.
  • connaitre la classe de résistance du bois (non certifié, C18, C24) ; les poutre BLC sont en principe de classe GL24, pouvez vous le confirmer (facture)
  • savoir si la chape est mise en œuvre avant ou après les cloisons.

Bref c’est une étude en soit qui demande la modélisation de l’ensemble de la structure du plancher et de ses appuis. (pour une même longueur totale une poutre sur 3 appuis ne se comporte pas comme 2 poutres sur 2 appuis chacune…

La natte n’a aucune vocation anti fissuration.
Les fissuration peuvent être la conséquence

  • de l’instabilité du support (sous dimensionnement du plancher)
  • du retrait lié à hydratation/carbonatation/séchage d’un liant hydraulique.
    Pour éviter la fissuration liée au retrait normal d’un mortier ou béton de ciment, il faut aménager des joint de fractionnement ou joint de retrait tous les 5 ml ; ils sont réaliser par sciage, 12 à 24h après mise en place du béton.
    Attention au surdosage en eau des mortiers et béton. Un béton ne se coule pas ! Il se place.
    La quantité d’eau doit être comprise entre 0.45 et 0.65 X le volume du liant ; au delà les propriétés mécaniques s’effondrent rapidement, ce qui accentue le risque de fissuration.
    Si l’on souhaite un béton fluide il faut l’adjuvante et non rajouter de l’eau.
    Une chape anhydrite, elle, ne propose pas de retrait.

Le besoin d’armature lui aussi s’étudie en fonction de la configuration de la structure porteuse bois (déformation), et de la configuration de la chape.
Nb Un fibrage n’apportera rien dans ce cas.
Les treillis non structurels utilisés dans ce cas pourraient être (sous réserve de l’étude de cas) des PAF C, PAF R, PAF V, ou PAF 10 dans certains cas…

Dépend des caractéristiques de la natte sélectionnée.

Là encore c’est l’ensemble et son comportement mécanique qu’il faut étudier selon les portées et les entraxes…

Il est question de la méthode des éléments finis, c’est à dire que l’on ne vérifie pas pièce par pièce, mais le comportement de l’ensemble de la structure…

Je réalise ce type d’étude ; n’hésitez pas à me contacter.

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Bonjour,

Je réponds ici en tant qu’auto constructeur ayant le même complexe de dalle lourde sur dalle bois (dans mon cas 14cm de terre crue sur la dalle bois). Précision : étude structure réalisée en amont par un ingé bois.

Les dispositions constructives que vous avez pris me semblent vraiment légeres, à commencer par les fondations elles même : les pieux seront-ils contreventés entre eux à terme ?

Concernant votre dalle et plus particulièrement votre muralière, le chevron vissé contre le lamellé-collé est vraiment léger, pour deux raisons :
1/ il n’est pas assez haut et provoque un arrachement important sur la poutre porteuse (à titre indicatif, mon BE me proposait une muralière de minimum 10 cm de haut avec un entraxe et un placement des vis bien précis)
2/ cette muralière étant fixée en partie basse de la poutre porteuse, il y a un risque important que les forces reprises par celle-ci délamine ses lamelles inférieures. Ici une solution possible est de fretter la poutre porteuse par dessous avec des longues vis de construction (tête specifique et filetage adapté), cela maintient les lamelles ensemble. Dimensionnement à faire par un ingé.

Dans tous les cas, chaque projet étant différent, je ne saurais que vous conseiller de vous rapprocher d’un bureau d’études pour confirmer ou compléter les dispositions que vous avez prises. Une dalle bois n’est pas un simple plancher mais l’interface entre le bâti et les fondations. Son dimensionnement est encore plus critique lorsqu’on y ajoute de la masse.

Bonne continuation,

Florian

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Bonjour Florian,

Merci pour tes réponses et je suis désolé pour le retard de ma réponse.

J’apprécie beaucoup ces informations. Juste pour te répondre par rapport au contreventement au niveau des pieux, c’est déjà fait. Tu as raison que c’est léger, et maintenant, c’est trop tard. J’ai pris contact avec des professionnels, notamment @Jean-Patrick qui répond aussi sur ce sujet. La seule solution est de mettre des sabots, car je n’ai pas l’espace pour mettre un tasseau plus large comme tu dis.

Je vais essayer de me débrouiller en intervenant par le bas, peut-être en soulevant un peu l’OSB du bas, puis en coupant un petit morceau pour mettre mes mains dans les caissons et installer des sabots en deux parties, gauche et droite. Ainsi, je pourrai laisser le tasseau où il est.

Je te remercie encore pour ton aide et je te dis à très bientôt.

Yiannis