Chaux Chanvre banché, questions techniques...

Bonjour,

Nous souhaitons isoler nos murs en pierre en chaux chanvre banché (15cm) dès que les températures baisseront. On pense utiliser la technique de « l’ossature extérieure » (sur règles de plâtrier en aluminium). Mais on a encore quelques questions techniques:

  • Comment fixer les boîtes d’encastrement (électrique)? Vue notre épaisseur on voudrait fixer sur des cales en bois qu’on fixe sur les pierres. Mais après, comment fixer les boîtiers sur les cales? On veut éviter de mettre une vis au fond des boitiers…
  • Est-ce qu’on peut couler nos tuyaux d’évacuation en PVC 100 et 80 dans le chaux-chanvre? Combien d’enrobage? On ne s’inquiète pas pour des petites fissurations, il seront derrière les meubles de cuisine (il faut juste que ça reste accroché).
  • Est-ce qu’on peut arrêter le banchage d’un mur dans la longueur? Comment faire le raccord?
  • Pour éviter une mauvaise carbonatation avec de la chaux NHL on pense utiliser de Tradical PF70. Est-ce qu’il y a des contre-indications pour le mettre en œuvre pendant l’été?

Merci d’avance pour vos réponses!

Bonjour Magali,

Pourquoi vous êtes vous orienté sur du métal plutôt que sur du bois ?
C’est loin de ce qui est le plus adaptée.
Quelle sera la finition ? (cette question est importante.)

Vous devez choisir des boitier à sceller, puis :
Soit fixer directement au mur avec des intercalaires bois.
Soit ajouter un montant horizontale antre 2 montants verticaux, et fixer votre boitier dessus.
Vous pouvez également envisager la configuration suivante avec des boitiers à encastrer :


image

Pourquoi ?
Vous devrez pré-percer le boitier avec une mèche bois ou métal, à faible vitesse, pour éviter qu’il ne fende au passage de la vis. Vous pouvez choisir des vis à tête plate plutôt que des vis à tête fraisées.
Il faut 2 vis pour assurer un parfait alignement.

Vos tuyaux et gaines doivent être impérativement fixées mécaniquement au mur avant mise en œuvre du béton de chanvre.

Selon épaisseur de la pièce enrobée => distance minimale d’enrobage
4 cm => 7 cm
6 cm => 8 cm
8 cm => 9 cm
10 cm => 10 cm
12 cm => 11 cm

Ce sont les reprises de bétonnage et une distance d’enrobage trop faible qui propose la fissuration.
L’amplitude des fissures varient très fortement (de 1 à plusieurs mm) au fil des saisons (hygrométrie et température du volume traité.

C’est toujours préférable de traiter un voile dans sa totalité pour limiter les reprises de bétonnage et la fissuration associée. Il est préférable de localiser les reprise dans les angles et verticalement.

Une planche peut être utilisée pour raccorder 2 banches.


Je n’ai pas de retour de mauvaise carbonatation pour 15 cm d’épaisseur. La question se pose en construction neuve avec des épaisseurs > 30 cm.
La PF70 est un préformulé que je ne conseille pas en rénovation du bâti ancien, car ses propriétés de perméabilité à la vapeur d’eau sont effondrées par l’adjuventation au ciment artificiel Portland (à 50% ce qui est considérable) il y a d’ailleurs dans cette formulation autant de ciment que de chaux…

L’utilisation d’une NHL 2 ou NHL 3.5 est fortement recommandée pour bénéficier au mieux des réactions chimiques complexes entre la chènevotte et la chaux ; ce sont ces réactions chimiques qui proposent l’essentiel des propriétés remarquables de régulation hygrométrique de ce composite.

Aucune contrindications en intérieur avec des températures <30°/35°, c’est le dosage en eau qui va être augmenté pour contrer les risques de dessications.
Mettre en œuvre en été propose un séchage et une remise en service bien plus rapide…

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Bonjour Patrick,
merci beaucoup pour vos réponses.

Nous souhaitons utiliser les règles de plâtrier comme guide pour faire coulisser les banches, comme ossature extérieure. Elles seraient maintenues par des serres joints contre un tasseau au sol et un fixé sur la solive du plafond.
Peut-on faire l’économie d’une ossature interne (tasseaux tous les 80 cm) lorsque l’on dépasse une épaisseur de 11 cm.

Pour les tuyaux d’évacuation, nous les avons bien fixés au mur par des colliers, mais nous ne pourrons probablement pas enrober de 10 (5 = moitié du diamètre du tube + 5). D’où notre question sur le risque de fissuration.
Nous pourrions éventuellement les placer dans un caisson et les isoler avec un autre matériau.
Ci-dessous une photo qui sera surement plus explicite.

Nous partageons votre avis concernant Tradical ou équivalent.
Si nous utilisons la chaux NHL2 ou NHL3,5 quels sont les dosages ?
Pour faciliter la mise en œuvre, les dosages généralement proposés sont 2 sacs de chaux (22, 25, 35 kg en fonction des produits) pour 1 sac de chanvre de 200 litres (18 kg) et une quantité d’eau variable.

Par ailleurs, nous disposons d’une bétonnière de 350 litres qui sera malheureusement en plein soleil. Impossible de l’installer dans le bâtiment. Du coup, la température risque d’être élevée.
Faut-il reporter notre chantier ?

Nous prévoyons d’humidifier nos murs en pierres sèches (schiste) à grande eau la veille du chantier pour éviter que les soucis d’adhérence. Comment procéder le jour suivant lorsqu’une longueur aura été banchée ? Humidifier avec un pulvérisateur ?

Sachant que nous les avons décroutés, est-il nécessaire de faire un gobetis pour éviter les soucis d’adhérence ? Si oui, un mélange chaux et eau badigeonné suffit-il ?

Si j’ai bien compris, nous devons réaliser une bande complète horizontale pour éviter les risques de fissuration ? Du côté de la cuisine, où viendraient se fixer les éléments hauts, nous pensons placer des ossatures 6x7 cm, à fleur, technique du colombage. Du coup, pouvons-nous bancher la longueur en deux fois, la reprise se ferait derrière un montant.

D’avance merci pour vos retours. L’autoconstruction est un long chemin débordant de questions…

Donc les règles seront retirés après ?
Si c’est le cas comment reboucher les saignés ? (risque de différence d’aspect sur la finition)

Je vous conseille très fortement de ne pas faire l’économie de l’ossature.
Le mélange en béton n’est pas suffisamment adhérant à la paroi ; c’est la conséquence des effets cumulés du retrait du liant et du gonflement puis retrait de la chènevotte, du à l’absorption de l’eau puis séchage…

En principe on implante l’ossature d’aplomb ce qui permet de faciliter l’entretoisement des banches avec un premier jeu de vis (butée).
Parfois on fait l’impasse des vis entretoises, puisque le mélange va être tassé et donc la banche va se placer d’elle même au maximum de son écartement contre la vis de fixation.

Suivant le résultat attendu (lorsque le banché reste apparent sans enduit de finition) on utilise des vis à tête fraisée en entretoise et à tête plate en maintient/serrage de banche…
On ajuste les hauteur d’entretoises en fonction de vos hauteurs de banches…

Au moment du débanchage, on retire également les vis d’entretoises. (et l’on peut retravailler la fibre autour des marques laissées par les têtes de vis fraisées…

Oui, sans respect de l’enrobage, le risque de fissuration longitudinale le long des tuyaux sera marqué à très marqué.
Oui, vous pouvez envisager un caisson technique.
Le raccord de finition caisson/béton de chaux/chanvre demandera la pose d’une toile de verre ou polyester ou le top de toile jute de maille minimum 10 mm x 10 mm… Pour éviter la fissuration de l’enduit de finition au changement de nature de support.

La toile de jute pour vos raccordsd’enduit de finition c’est ici :

ou là :

OUI et NON.
La quantité variable de liant indique une adjuventation plus ou moins marquée : ciment, sable de pouzolane, etc ; c’est ainsi que les industriels ajustent des propriétés thermiques et mécaniques en limitant la quantité de liant, au détriment des propriétés originelles de ce composite (régulation hygrométrique, perméabilité à la vapeur d’eau) puisque ces propriétés ne sont pas prise en compte dans les méthodologies thermiques réglementaires actuelles…
La quantité de chènevotte doit être impérativement ajustée en volume et non en poids !
Pourquoi ? parce que d’expérience, et pas qu’une seule, 20 kg de chènevotte donne de 160 à 190 litres selon l’hygrométrie de la chènevotte, sa provenance, son année de récolte/séchage !!!

Aussi la recette avec une chaux NHL 2 ou 3.5 est le suivant
Pour 1 sac de 35 kg de chaux => 100 litres de chènevotte
Pour 1 sac de 25 kg de chaux => 71 litres de chènevotte

Commencez par introduire 38 litres d’eau, puis la chaux, laisser tourner jusqu’à disparition totale des grumeaux de chaux, puis introduisez régulièrement mais en une seul fois continue, le volume de chènevotte… Ajustez si besoin la quantités d’eau (présence de boulettes, mélange sec…) en visant les boulettes avec un jet d’eau…

Les sacs de chènevotte doivent être préalablement ouverts, décompactés, et exempt de filasse…
Ouvrez 2 ou 3 sacs à la fois pour mélanger des chènevottes qui pourrait avoir des provenances différentes, donc pas la même granulométrie et mécanique de défibrage…

Non pas de contrindication à travailler en été et plein soleil.
Vous ajusterez votre besoin en eau selon l’aspect et le phénomène de dessication observé.
La bétonnière tournera avec l’axe quasi horizontale.
Après chaque gâchée, vous viderez TOTALEMENT la bétonnière en récupérant et essuyant à la main l’intérieur de la cuve. (sous peine de créer une croute au fil des gâchées.
Vus pourrez utiliser cet accessoire pour doser avec précision vos mélanges en eau… Mais aussi pour conserver l’eau qui sert à nettoyer la cuve entre 2 gâchées (faire tomber les dernières fibres collées, donc faire des économies substantielles en eau… Ou encore pour viser les boulettes au jet tout en maitrisant la quantité d’eau…
(compteur d’eau de jardin Gardena)

Humidification du mur au pulvérisateur à l’avancée.

Sur votre projet, selon la photo, je vous aurais conseillé de rejointoyer à pierre vue. Très grossièrement.
1 volume de chaux pour 3 volume de sable 0/4 si possible voir 0/2…
Il est question de stabiliser la maçonnerie, d’améliorer les échanges hygrométriques avec l’intérieur du mur, d’économiser de la chènevotte et de pouvoir métrer avec précision les quantités de chaux/chanvre sur un support de plan et régulier… (d’autant que le béton de chaux/chanvre n’a aucune vocation à rejointoiement puisque son adhérence et sa résistance mécanique sont limités.

Les fissurations peuvent apparaitre aux reprise de bétonnage d’un jour sur l’autre, surtout pas temps chaud (dessication)
C’est pourquoi je préconise de travailler pan de mur par pan de mur complet, et de concentrer les interruptions dans les angles rentrants, ou derrière des montants apparents.

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Patrick les règles de plâtrier sont devant la banche ce qui n’est pas dans le béton

Donc je ne comprend pas leur fonction.
Le besoin d’ossature n’est pas l’alignement et le maintien des banches mais le maintien du complexe tout entier.
Un béton allégé de chaux/chanvre n’est suffisamment adhérent et il fait apparaitre du retrait entre le support et le composite.
La structure noyée retient le composite dans son ensemble. Elle doit être suffisamment enrobée par le mélange.
Si l’ossature est apparente, les enduits de finitions devront être appliqué sur une trame anti fissuration aux jonctions bois/béton.

je pense que c’est juste pour coffrer l’ensemble et je sais pas si il a prevu une ossature

Bonjour

Je pense que cette idée de recourir à des règles de plâtrier provient de cette vidéo RebatBio

https://youtu.be/Y7-8ALsRTVc?si=PWxdn8JU-BB2wLLL.

Oui je connais cette vidéo, mais :
Cela fait un paquet de règles 1.5 à 2 voir plus par banches si grande longueur (2.50m par exemple, sinon il y aura du cintre) ; il faut trouver des règles carrés, et il faut un paquet de serre joint.
Et concernant les serres joints qui maintiennent le bas des banches, cela veut dire que l’on porte atteinte au mélange qui vient d’être banché…

Je prescris des vis entretoises et des des vis de serrage ; tout est fixé sur l’ossature ; les banches dévissés et remontés d’une rangée ; les vis d’entretoises sont retiré à l’avancement ou en fin de mur… Pas d’entrave à la pose et au tassage par des règles verticales… Raccords entre banches élémentaire à gérer… Chacun sa méthode…

Bonjour

A mon sens la banche n’est pas utilisée jusqu’en haut pour contourner la présence des serres joints.

Pour le coup , j’ai du mal à voir votre processus sans schéma. Entretoise , vis etc ça se mélange un peu
(je précise que ça m’intéresse car j’envisage de tester le chaux/chanvre banché dans mon projet perso, et tout les conseils techniques sont bienvenues)

Bonne journée

Il n’empêche qu’il faut maintenir le bas de banche, donc avec les serres joints dans le mélange…

Des vis dans le litelage qui servent d’entretoises ; c’est à dire qui maintiennent l’écart entre banche et liteaux (distance d’enrobage, réglage d’épaisseur et aplomb si besoin)
Les banches sont posées contre les tête de vis d’entretoises.
Puis les banches sont vissées au liteau, donc serrées contre les têtes de vis d’entretoise…

Pour le bas des banches ils utilisent une cale entre la régle et le bas de la banche, la mise en compression semble suffissante pour tenir le bas . Par contre la planéité du véton est peut être modifier au final

Merci pour les précisions. En relisant j’avais fini par comprendre le processus , ils ne restent alors que l’emplacement des vis d’entretoise à reboucher ou masquer via l’éventuel enduit . A titre personnel j’aime assez l’esthétique du chaux/chanvre brut de décoffrage .

Je vous mets au défi de retrouver le passage de vis de 4 ou 5 même 6 dans le chanvre banché. Même les têtes de vis fraisées… Au pire un passage de truelle inox ou de taloche bois pour raccorder les fibres, mais je vous garantie qu’il n’y absolument rien à reboucher…
Ci-joint l’ouvrage terminé.
Et dans le dernier cliché une ITE non enduite donc minéralisée avec un sable pouzzolane fin…

NB laisser brut, implique des fonds de clouage pour la fixation car le béton de chanvre de peux pas supporter de chevilles et fixations…

Ceux sont de belles réalisations

Je n’avais jamais vu une ITE de ce type, c’est très esthétique.
C’est une technique « maison » ou il y a de la documentation sur le sujet ?
Si vous pouvez détailler la mise en œuvre, ainsi que les limites de cette solution je serai preneur.
( a titre perso mais aussi pro)
Mais a ce titre il faudrait mieux ouvrir un autre sujet.

A bientôt

C’est interdit en France.
On me traite d’hérétique.
La technique vient de Suisse.

Je vous avouerais que je ne partage cette recette qu’avec ma clientèle. Je la prescris et je l’accompagne de bout en bout… Et tout ceux que je connais qui la propose ou la réalise en fond de même…
1- Pour bien être raccord sur l’impossibilité d’assurance décennale, puisque le procédé est non reconnu et non normalisé en France… Que se soit en exécution professionnelle ou en autoconstrcution au titre de ma responsabilité de prescripteur/concepteur.
2- Parce que ayant longtemps chercher à la partager et n’ayant pas reçu d’échos favorables, pour ne pas dire de retours moins favorables encore, je conserve égoïstement les retours économiques de la proposition d’un tel ouvrage.

J’ai conscience que ce n’est pas très Twiza compatible (entraide, partage), mais il me semble que je me rattrape par bien d’autres actions, et il faut bien remplir sa gamelle…

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Les processus d’ajout aux normes pro sont longs et couteux, un jour peut être.
C’est aussi un frein coté MOA (public dans mon cas) en limitant les possibilités de sortir plus aisément des chemins balisés.

Je comprend bien votre position, pas de souci. Et je crois que personne sur le forum ne s’en offusquera pour le coup

En tout cas je retiens l’effet de teinte d’un sable pouzzolanique rouge sur la masse de béton , cela augmente encore le coté hypnotique de la matière. Je ferai quelques tests si j’en ai l’occasion (mais pour mon projet d’ITE, la laine de bois à ma préférence).

Merci pour l’échange et les photos

Notez que le coloris vieillit un peu comme un mélèze ou un douglas purgé d’aubier…
Il s"éclaircit, se lave, se fonce, se grise, se noircit, selon les expositions au soleil et aux intempéries…

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