Besoin de Conseils pour Stabiliser un Chemin d'Accès en Pente Pendant un Long Chantier

Bonjour à tous,

Nous avons une question concernant notre chemin d’accès. Au début des travaux, notre terrassier avait mis en place une première couche de gros cailloux pour supporter le passage des camions pendant le chantier, en prévoyant de mettre une couche finale de petits cailloux une fois le chantier terminé. Cependant, après deux ans de travaux, les camions ont gravement endommagé cette première couche, créant de nombreux nids-de-poule. Actuellement, le chemin est difficilement praticable, aussi bien pour les voitures que pour les camions.

Nous avons consulté un professionnel pour envisager la pose d’enrobé, mais il nous a conseillé de ne pas le faire avant la fin du chantier, car cela risquerait d’être à nouveau détruit par les camions. Cependant, comme le chantier va continuer au moins jusqu’en 2027, nous cherchons une solution temporaire mais durable pour améliorer la situation dès maintenant.

Nous réfléchissons donc à la possibilité de résoudre partiellement le problème en ne traitant que la pente du chemin pour le moment (environ 40 mètres sur un total de 150 mètres). Cette pente a une inclinaison d’environ 20 %, et les véhicules ont du mal à la franchir, ce qui aggrave l’état du chemin.

Notre idée serait de compacter les cailloux existants, puis de poser un treillis métallique avant de couler une couche de béton d’environ 10 cm d’épaisseur. Nous envisageons également d’ajouter un pigment naturel au béton pour un rendu esthétique qui s’harmoniserait avec notre projet global, par exemple un ton terre cuite rouge, similaire à la couleur de nos murs.

Nos questions sont donc les suivantes :

1. Est-ce que cette solution serait efficace pour supporter le passage des camions lourds pendant le reste du chantier, sachant qu’il durera encore plusieurs années ?
2. Une couche de béton de 10 cm avec un treillis métallique est-elle suffisante pour prévenir de futurs dommages, ou faudrait-il envisager une épaisseur plus importante pour éviter les endommagements par les camions ?
3. Pensez-vous que le béton, avec une pente de 20 %, restera bien en place lors du coulage depuis la toupie, ou risque-t-il de couler vers le bas du chemin en augmentant le niveau à cet endroit ?
5. Pensez-vous que cette solution pourrait tenir dans le temps, même après la fin du chantier, ou serait-il préférable de considérer d’autres options ?

Nous serions ravis d’avoir vos avis et conseils sur la meilleure approche à adopter.

Merci beaucoup pour votre aide, et bonne soirée à tous.

Audrey & Yiannis

PS. vous pourrez voir un peu le chemin pour avoir une idée ci dessous


1 et 2 : La question est de savoir ce que vaut la couche de forme ou couche de fondation et si elle s’est déformée, elle continuera à le faire, donc l’ouvrage (béton ou enrobé) dont elle sera le support subira des tensions, des déformations jusqu’à rupture.
Sans aucun doute y a t il eu un déficit d’appréciation sur la nature du terrain, des impasses sur la sélection des agrégats (car en principe pour ce type d’ouvrage, il s’agit de multicouches) et/ou des défauts de remblais successifs et/ou des défauts de compactage suffisants ou défaut de réalisation du compactage (tous les 10cm ou avec un engin adéquat pour des couches plus épaisses) ou absence de compactage (sans parlez des couches de géotextiles…)

Si la couche de forme ou de fondation a été réalisée dans le règle de l’art ET en tenant compte de la nature géotechnique du sol dans sa profondeur, donc qu’elle ne se déforme pas, ET à moins de s’orienter sur treillis structurel ST50 voir ST60, ET d’augmenter l’épaisseur à 15cm MINIMUM, la réponse est NON.

En outre, l’'ouvrage devra être segmenté, sans arrêt d’armature (et sans doute avec des renforts entre segments, en tronçon de 3 à 5 ml. Donc il s’agit de réaliser un successions de dalles et non une seule.

Avec les réserves que je ne connais pas les caractéristiques de votre sol (étude G1 voir G2) et que lorsque l’on a dit poids lourds, on n’a pas dit grand chose.
C’est différant pour un PL de messagerie que pour une toupie béton entre 9.5 et 13m et entre 32 et 44T

3 : Il existe des dispositions particulières concernant le type de béton et des dispositions particulières concernant les coffrages (comme l’on coule un escalier et des chainages de pignons.
Sans coffrage complet, ne comptez pas sur une mise en œuvre efficace et un résultat probant.

4 ? ou 5 : Il s’agit de travaux de VRD et génie civil ; on n’est plus du tout dans l’aventure du bricolage de jardin ; c’est du gros, c’est du lourd, c’est du velu !
Si l’on obtient la certitude que la couche de forme est stabilisée, que les couches successives d’agrégat on bien été sélectionnés en fonction du projet et du sol, que chaque couche a été isolé par un géotextile adapté (sans doute pas le moins épais) ET que l’ouvrage est correctement dimensionné ET que l’ouvrage est correctement mis e œuvre (armatures, coffrages, qualité du béton.

En l’espèce mon avis est que ce qui a été réalisé ne permet pas et ne permettra jamais d’avoir un résultat durable.
Sur ce type d’ouvrage, d’expérience en génie civile, on est à minima sur des couches de forme de 80/200 voir 300, sur des couches intermédiaires de 40/80 et sur des couches de finitions de 0/31.5 ; l’ensemble fait près de 40cm d’épaisseur. Et quand je vous dis cela c’est sur sol stable, drainant et avec 12% de pente maxi. Au delà, les ouvrages de drainage dans l’épaisseur ou en bordure et les rigoles pièges à eaux sont un impératif si vous ne souhaitez pas qu’un orage affouille la couche de fondation ! (12% parce que sinon les toupies débordent et commencent à se vider dans la montée, et/ou les matériaux dessanglent et finissent par glisser sur le chemins d’accès… (vécu dans les 2 cas !) Nb un porteur de 19T mesure entre 8 et 11m de long donc avec 20% de pente, il y aura entre 1.60m et 2.20m entre l’avant et l’arrière…

Avec ce type de couche de forme, là, on peux réaliser une dalle béton ou un enrobé et envoyer ce qu’on veux comme trafic poids lourds.
Sinon on fait comme dans beaucoup des communes rurales de France, on rogne sur la couche de forme, on rogne sur le terrassement nécessaire et on est contraint de refaire l’enrobé tous les 2 à 5 ans et si on n’a pas le budget, on rebouche de temps en temps avec ce que l’on appelle de l’émulsion gravillonnée…

Pour votre projet si vous n’êtes pas en mesure de reprendre la couche de forme en la compactant (et pas à la plaque vibrante ni au rouleau autonome mais au rouleau compresseur de voirie), si vous n’êtes pas en mesure de la compléter par au moins 2 couches successives de plus en plus fines séparées par des géotextiles adaptés, toutes compactées comme l’existant, je vous conseil un simple remblais en 0/31.5 compacté qu’il faudra entretenir et compléter périodiquement.
Vu la pente, des pièges à eaux en rigoles inclinées sont incontournables si vous ne souhaitez pas qu’un orage ravine l’ensemble en bas de pente.

L’alternative durable consisterait à revoir totalement l’implantation du chemin d’accès (rallongement de l’accès, réalisation de virages en épingles, diminution de la pente, etc, etc

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Salut JP,

Merci beaucoup pour ta réponse ultra complète, comme toujours, tu es super !

Juste pour être sûr, quand tu parles de génie civil, c’est bien la même chose que les TP ?

Quand tu parles de plusieurs couches, tu veux dire qu’il faudrait renforcer la base avec des gros cailloux, puis des plus petits cailloux compactés, ensuite poser un géotextile, ajouter des rigoles pour le drainage, et enfin couler du béton armé avec coffrage ? Est-ce bien ce que tu recommandes ?

La couche actuelle a été réalisée un peu à la va-vite par un terrassier, donc elle ne respecte probablement pas les normes que tu as mentionnées. Elle risque donc de se déformer et de causer des problèmes.

Par ailleurs, existe-t-il une solution temporaire, comme un tapis ou une maille en fer résistant (mais pas trop lourde), que l’on pourrait poser sur la pente du chemin ? (Comme la côte de maille imagine). On pourrait l’enfoncer avec des gros piquets pour qu’elle reste bien en place, permettant ainsi aux voitures et camions de rouler dessus sans endommager la surface en dessous. Est-ce que des solutions temporaires de ce genre existent ?

Merci énormément pour ton aide !
On est impressionnés par tes connaissances dans tous les domaines et par ta rapidité à répondre avec des réponses toujours aussi complètes et pertinentes. Tu es fantastique.

Bonne soirée
Audrey&Yiannis

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@Jean-Patrick en cherchant sur internet je trouve par exemple des solutions comme ça. Tu as de l’expérience avec ?
Ce sont des options souvent utilisées pour stabiliser des chemins ou des pentes pendant des travaux de construction

  1. Grilles de stabilisation de sol (ou grilles alvéolaires) : Ce sont des panneaux en plastique ou en métal qui ressemblent à une grille ou à une maille. Ils sont conçus pour être posés sur le sol, puis remplis de gravier, de sable, ou d’autres matériaux. Une fois en place, ils aident à répartir le poids des véhicules et à éviter l’affaissement du sol. Ils sont souvent utilisés dans des situations temporaires ou pour renforcer des chemins d’accès.

  2. Tapis antidérapants en géotextile : Ce sont des toiles renforcées qui peuvent être posées sur des surfaces comme les chemins de chantier pour offrir une meilleure traction et empêcher l’érosion. Ils sont plus légers que les grilles métalliques et peuvent être ancrés au sol pour rester en place.

  3. Nattes de stabilisation métalliques : Il existe aussi des nattes ou des filets métalliques qui peuvent être déployés sur une surface. Ces structures ressemblent à une « côte de maille » et peuvent être fixées au sol pour offrir une surface plus stable pour le passage des véhicules lourds.

Voici un exemple de maille

Merci pour ton bien agréable retour.

Le génie civil est l’art de concevoir et de réaliser des ouvrages d’infrastructures. Il englobe les travaux publics et le bâtiment, et se répartit en cinq grands domaines d’intervention : structures, géotechnique, hydraulique, transport, et environnement.

Pour un ouvrage « définitif » (c’est à dire différent et plus poussé qu’un accès de chantier temporaire) , sans connaissance des caractéristiques géotechniques (c’est à dire avec les hypothèses les plus basses) et pour des PL jusqu’à 44T (sans connaissance du trafic) :

  • Terrassement en fouille, déblais du tout venant ; éviter à tout prix les remblais lorsque l’excavation est allé par endroit trop en profondeur
  • Géotextile pour voie carrossable (Résistance poinçonnement 1.1 kN ; grammage 200 à 300 gr/m2
  • couche de forme ou de fondation en 80/200 pour 20 à 30 cm d’épaisseur
  • compactage
  • couche intermédiaire en 40/80 pour 10 à 20 cm d’épaisseur
  • compactage
  • Géotextile pour voie carrossable (Résistance poinçonnement 1.1 kN ; grammage 200 à 300 gr/m2
  • couche de finition 0/31.5 pour 10 à 15 cm d’épaisseur (dans certains, sur sol suffisamment porteur ou pour trafic limité, cette couche peut se substituer aux 2 précédentes mais sera amenée à 30 cm minimum avec un compactage tous les 10 cm.
  • compactage
  • Bande de roulement ou d’usure en enrobé bitumineux pour 10 cm ou en béton pour 15 à 20 cm d’épaisseur ; béton C30/37, C35/45 voir C40/50, treillis ST50 ou ST60…
    Si il n’y a pas de trafic poids lourds, l’ouvrage est considérablement diminué.
    2T sur 4 essieux et 19 à 44T sur 8 essieux, ce n’est pas vraiment le même ordre de grandeur…
    Non nonobstant l’énergie synthétique au freinage c’est à dire le poids X la vitesse au carré ; cela commence à faire du monde en kg/cm2…

Ce que je connais c’est la bonne vielle méthode du génie militaire. Sur couche de sable, la pose et l’assemblage de plaques PSP (plaques en acier perforées ou Pierced Steel Planking) ou plaque de désembourbement qui s’emboitent les unes avec les autres.
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On peut réaliser des cheminements et des planchers complet y compris pour aménager des pistes de décollage/atterrissage et faire rouler/tourner des chars dessus en pleine gadoue…
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Salut @Jean-Patrick
Merci énormément pour ton temps et ces réponses
Tu es extra ordinaire :pray::pray::pray:
On va étudier tout ça
Merci pour tout :heart::pray:

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Je l’ai lu dans mes emails ton msg🙏
Bien sûr que tu le mérites @Jean-Patrick tu as des connaissances de partout c’est impressionnant :pray::clap::clap::clap:

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