@Eclaircie
Bonjour Dominique,
J’ai conçu un certains nombre de projet en autonomie totale en électricité et chauffage de l’eau sur la base de système solaire thermique SSC + appoint hydraulique (pèle bouilleur) + ballon tampon et photovoltaïque seul ou photovoltaïque + micro éolien ou photovoltaïque + micro hydraulique, avec ou sans appoint par groupe électrogène (oups, un moteur thermique… j’entends que cela grince chez certains lecteurs, mais je vais y revenir…)
Rien d’utopique en soi, si ce n’est que l’autonomie énergétique revient en tout premier lieux à définir ses besoin en consommation et les rationaliser pour ne pas dire réduire ; il est aussi question d’adapter sa consommation à la ressource (usage temporel à mettre en corrélation avec la production) ; il en va du dimensionnement de l’installation, donc du budget à y consacrer.
Il faut comprendre que l’autonomie électrique s’obtient par un correct dimensionnement du parc de production et du parc de stockage, la production d’énergie solaire étant par définition intermittente (intermittence quotidienne et glissement saisonnier).
Il se trouve que les besoins en consommation sont pour une grande partie découplés de la capacité de production photovoltaïque et que le correcte dimensionnement se fait donc sur la base de la période la plus défavorable de production -hiver- (il y a donc surproduction en période favorable de production -été- et donc des Kw/h produits qui ne seront pas utilisés pendant cette période.
Il faut avoir en tête, qu’une fois les besoins en consommation sont rationalisés et maitrisés, le poste des circulateurs de chauffage (qui seront au nombre de 3 : échange capteurs, échange bouilleur, circulation émetteurs) sera un des tout premier poste de consommation électrique, qui plus est en période défavorable de production électrique -hiver-.
Il m’est arrivé d’introduire un groupe électrogène diesel, pour diminuer très significativement l’investissement (surface panneaux + parc batterie), qui a le bénéfice d’assurer un appoint en période défavorable de production solaire photovoltaïque. Cela fera hurler bon nombre de puriste, seulement voilà, une enveloppe budgétaire n’est pas extensible pour tout le monde, et le choix (ou le non-choix) de non raccordement au réseau, ajouté à la composition du foyer et du niveau de sécurité attendu peut amener à faire des compromis que certains aimeraient considérer comme absurde… J’ajouterais qu’un moteur diesel offre la particularité de fonctionner à l’huile végétale, ce qui permet de se soustarire à la problématique d’émission de GES. Dans le cas d’une recherche d’une autonomie alimentaire par la production agricole, il sera donc très inintéressant d’arbitrer la production agricole pour l’alimentation d’un coté, et pour la production énergétique d’autre part ; on sera mis devant le fait accomplit de ce que nous a apporter et nous apporte encore (hélas) l’énergie thermique d’origine fossile, et de ce qu’il faudrait sacrifier pour s’en passer…
La démarche consiste donc
- à définir très précisément vos besoins en consommation, notamment en période défavorable.
- à évaluer le potentiel de production local, en tenant de l’inclinaison/orientation de l’implantation des panneaux, tout ne déduisant les masques.
La confrontation de ces évaluations permet de dimensionner le besoin de production (surface et type capteurs), et de stockage (type et capacité du parc batterie)…
Il faut aussi se rendre à l’évidence que si l’on prends en considération le besoin d’entretien et de renouvellement du parc batterie à moyen terme (5 à 12ans), ou du parc de panneaux (25 à 30ans), le prix de revient du kw/h consommé rend l’opération plus que discutable du point de vue économique, et de loin.
C’est donc selon moi, une stratégie à caractère politique plus qu’économique.
Certains m’opposeront qu’il est question de disposer de l’électricité en cas de blackout réseau, ou de résilience énergétique si la ressource venait à ne plus être accessible pour tous ; je leur dirais que la résilience est loin de se trouver à l’endroit que les situent les idées reçues et autres arguments massues (en tout cas pas selon moi dans des stratégies d’anticipation technique), et de se poser la question de savoir comment cela se passerait du point de vue des relations sociales de proximité, si vous étiez le dernier à disposer d’une ressource dont les autres sont privés… Pas très bien, j’imagine…
Préférez un filtre passif ! Les adoucisseurs d’eau sont un équipement qui peuvent sembler sobre en électricité lorsque l’on est raccordé au réseaux, il n’en demeure pas moins une consommation approcher les 100wh/j ou 30kwh/an… Ce qui est loin d’être négligeable dans une configuration autonome, et qui aura pour le moins un impact très significatif sur le besoin en électricité…