Alternative dalle beton (chanvre/chaux) avec longrine ?

Bonjour à tous.
Avec mon conjoint, nous nous lançons dans un projet de construction un peu particulier.
Il s’agit d’un ancien abri à voitures / grenier de rangement sur pilotis (voir photos) construit sur une longrine que nous allons transformer en maison habitable sur 2 niveaux.
Nous allons garder la structure existante (8 poteaux + toiture) et monter des murs ossature bois 60 cm à l’extérieur des poteaux.
Nous n’allons pas faire de vide sanitaire, la dalle devrait reposer directement sur le sol (terre-plein).
Nous aimerions ne pas utiliser de béton et avons trouvé l’alternative du mélange chanvre / chaux.
Question 1 : peut-on faire une dalle chanvre/chaux pour une construction nouvelle ? Car en cherchant, nous n’avons trouvé que des exemples de rénovations (à l’intérieur des murs déjà présents).
Question 2 : si oui, est-ce compatible avec les longrines en bétons présentes le long des poteaux ?
Un grand merci pour vos réponses.

Bonjour,
C’est une question intéressante. D’un point de vue structurel une « dalle » de chaux ne peut pas remplacer une dalle béton avec ferraillage. Donc ce qu’on appelle une dalle de chaux est en réalité une chape.
Donc si vous faites une chape de chaux chanvre vous ne serez pas conforme aux règles professionnelles. Néanmoins dans les maisons anciennes les tomettes étaient bien posées sur une simple chape …et ça fait le travail. A l’époque il y avait aussi une tolérance à la fissuration.
D’un point de vue structurel, si l’ossature de votre abri est posé sur fondation il ne faut pas modifier la structure existante mais vérifier que les descentes de charge ne déstabilisent pas les fondations. (remplissage des murs et étage éventuel)
Par contre il faudra désolidariser votre dalle des longrines et créer une dalle sur hérisson drainé.

Personnellement je recherche une alternative à la dalle béton avec ferraillage ou au plancher hourdis je n’ai pas encore trouvé.

Nous avons fait une maison de 130m2 a partir d’une structure poteaux-toiture, c’est similaire
Il y a des plots béton sous les poteaux et des longrines béton entre les plots.
Puis, une fois les murs de paille avec leurs soubassements montés, coulé une dalle de 12 cm de chaux-pouzzolane sur herisson de 20 cm (3 tailles de cailloux). L’avantage c’est de couler la dalle dans l’espace intérieur déjà délimité. Aucune contre-indication avec du neuf.
Pas de liaison longrines/dalle, c’est le hérisson, qui reste ventilé sous la maison grâce à un espace de 10cm sous le soubassement des murs paille (technique CST : soubassement bois sur pneus graviers). cette ventilation marche très bien, pas besoin de drains.
La dalle chaux est TRES appreciable du point de vue de l’hygrométrie, elle absorbe tout excédent d’humidité immédiatement. Si vous trouvez de la pouzzolane (granulo autour de 5/15 mm) près de chez vous, comparez le prix par rapport à la chenevotte, c’est un bon isolant.
En vous souhaitant un bon chantier…

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Bonjour,

Nous avons réalisé une dalle chaux-chanvre non porteuse pour une construction neuve en paille chez des clients à Muret (31). La dalle de 15cm repose sur un hérisson de gravier ventilé (attention cependant, avec la nouvelle réglementation thermique RE 2020, 15cm de chaux-chanvre peuvent ne pas suffire et dans ce cas le gravier peut être remplacé par du verre cellulaire ou MISAPOR, isolant et drainant). Elle ne porte pas les murs en ossature bois, ces derniers reposent sur un soubassement relié à des fondations (de type semelles filantes).
Vos montants ne doivent pas reposer sur la dalle chaux-chanvre mais sur des plots ou fondations, ce qui est le cas pour les poteaux structurels et si j’ai bien compris ce sera aussi le cas pour l’ossature secondaire.
Avez-vous réalisé une étude de sol pour savoir ce que le sous-sol de votre grange peut absorber en terme de poids ?
Au cas-où je le précise, le chaux-chanvre (ou béton de chanvre) ne doit pas reposer sur une dalle béton. Le chaux-chanvre doit aussi être séparé du béton des longrines, par lesquelles des remontées d’humidité peuvent subvenir. Il faut donc une barrière capillaire (cailloux et graviers de préférence). Donc je pense qu’il faut décaisser, réaliser le hérisson de manière à recouvrir les longrines, couler la dalle chaux-chanvre (qui peut recevoir une chape de chaux, un parquet, du lino etc…) et éviter le pont thermique éventuel entre mur et chape.
Bonne journée

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Pour imager un peu mon propos :

Si vous le pouvez- préférez un hérisson en 2 couches : cailloux plus gros que du 20/40 puis cailloux en 20/40 c’est encore mieux pour la ventilation

salut
voici une photo de la mise en oeuvre chez moi:
30cm de Misapor,+ géotextile + argile réglé au laser + blocs chaux-chanvre 15cm recouvert de panneaux osb sur un fin lit d’argile

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Bonjour @Travobelix ! Je ne connaissais pas cette technique ! J’ai deux questions

  • Le géotextile a-t-il une autre fonction que de séparer l’argile et le misapor afin d’éviter que l’argile s’insère dans les vides laissés par celui-ci ? Y-a-til vraiment un risque de voir des plantes passer par là ?

  • L’argile est là pour rattraper les niveaux j’imagine, le misapor ne suffisait pas ?

Super projet en tout cas !

Bonne journée

Voute Sarrasine ou Catalane

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Bonjour,

Oui, le géotextile empèche l’argile sec de s’infiltrer entre les gains de Mizapor qui doivent être une barrière thermique et hydrique.
L’argile sert à récupérer les inégalités car il est très difficile d’obtenir une surface parfaitement plate avec le Mizapor, pour poser les blocs de chanvre à moins de couler une chape chaux-chanvre directement sur le géotextile
Je n’ai pas opté pour le coulage d’une chape car j’ai travaillé le plus sec possible pour ne pas avoir d’attente supplémentaire pour fermer avec un plancher et travailler directement dessus
La fondation qui supporte l’ossature est une poutre béton armé de 60x60cm périphérique et je ne crois pas que des insectes, rongeurs ou plantes puissent la traverser.
D’autre part, en travaillant sec, rien ne pousse dans un mélange avec de la chaux qui reste sec.

Cordialement

Rudy

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Excellente idée, merci pour ces précisions

Excellent ! Et en plus de gagner du temps de séchage tu dois gagner un temps fou (et aussi économiser des forces) à ne pas faire des dizaines de bétonnières !

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Avec plaisir
J’ai construit mon propre bâtiment totalement autonome en eau et électricité et j’y vis confortablement depuis bientôt 6 ans.
Je l’ai baptisé AlternHome :wink:
Je reste à disposition si besoin d’infos
Cordialement
Rudy

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Ta technique est très intéressante je trouve. J’aimerais savoir où ton projet se situe et surtout la nature du sol.

Je m’explique, je suis dans une région où nous avons de gros soucis avec les sols argileux (retrait et gonflement d’argile suivant les saisons) et ce qui m’interpelle dans ta technique : il me semble que les briques de chanvre ne sont pas solidarisées entre elles.
Je me demande donc si depuis 6 ans tu as eu des mouvements de sol ? ou as tu renforcé l’hérisson pour éviter des mouvements ? Ne faudrait-il pas créer un diaphragme périphérique pour mettre les briques de chanvre en compression ? ou est-ce l’OSB qui solidarise le tout ? Mais dans ce cas as-tu fixé l’osb aux briques ?

Ou simplement tu n’es pas concerné par le soucis ?

Bonjour Marine,

Mon cas est un peu particulier puisqu’en fait mon terrain est une ancienne gare de triage et que donc, la poutre périphérique en béton armé de 60x60cm que j’ai faite est simplement posée sur le sol et j’ai remblayé avec 30cm de Misapor, quelques cm d’argile sèche puis 15cm de blocs chaux-chanvre
Ce remblai est très drainant et l’argile se trouve à ± 1,5m plus bas (je le sais car j’ai creusé une cave sur 1/4 du bâtiment.
Les blocs ont été posé non collés, mais j’ai rempli un peu les joints avec une colle très liquide après pose pour boucher certains interstices.
Je n’ai eu aucun tassement du bâtiment malgré rez +2.en ossature canadienne comme structure remplie de 14cm de laine de chanvre et à l’intérieur un bloc également de 15cm de chaux-chanvre et ± 1 à 2 cm d’argile comme enduit.
Pour ce qui est de l’OSB, il était posé librement, mais je devais relater pour solidariser sous les panneaux et y remettre les déchets de blocs broyés pour combler les espaces.
Je suis en Belgique entre Namur et Dinant, 80 km au sud de Bruxelles et 35 km de la frontière française, au nord de Givet dans le 08.
Au plaisir de te recevoir si tu passes dans le coin :wink:
Rudy

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Merci pour ta réponse c’est bien d’avoir un retour sur expérience !
En effet, pour me rassurer peut-être, j’aurais aussi relater l’OSB.

Concernant le Belgique ce serait avec plaisir ! on a adoré ce pays !! :wink:

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Bonjour Raphael, juste pour m’assurer d’avoir bien compris, est-ce qu’en utilisant du misapor pour la deuxième couche du hérisson on se passe bien de drain et d’isolant ? J’ai trouvé ce schéma sur le site de l’association Maison Paysannes, et je me disais que si oui ça permettait de diminuer un peu l’épaisseur totale. (Et donc, si je comprends les messages suivants, le sable peut être remplacé par de l’argile non ?)

Merci pour votre aide !

Capture d’écran du 2023-10-13 17-33-54

Bonjour @Yana_Ol Le misapor a en effet plusieurs qualités :

  • Isolant ( toutefois au même titre que les mortiers allégés types chaux-chanvre, la résistance thermique est faible comparée à celles des laines et panneaux isolants)

  • Drainant : il peut remplacer un hérissons ventilé, il faut toutefois garder géotextile et ventiler le misapor comme un hérissons classique avec un drain en partie basse pour évacuer l’eau (voir schéma ci-dessous)

  • Forme pour rattraper les niveaux avant de couler une dalle
    L’épaisseur ne sera pas nécessairement plus faible en construction neuve car la RE 2020 exige des performances de parois importantes, même pour le sol. Le misapor étant cher, il faut comparer avec une autre solution. Personnellement, si le projet le permet, je préconise plutôt une dalle chaux-chanvre sur hérisson, mais il existe beaucoup d’autres solutions (dalles-terre etc.)

Bonjour Raphael,

Je me permets juste une petite correction pour ceux qui liraient.

La RE2020, au même titre que la RT2012, n’impose pas de valeur minimale d’isolation par parois mais une performance globale. L’indicateur contraignant est le besoin bioclimatique (Bbio) donc à ce titre il est nécessaire de bien isoler l’ensemble des parois dont les planchers. Mais, je ne l’apprends à personne ici, une conception optimisée est aussi importante voire plus : orientation, compacité et intégration adéquate des baies doivent être pensées en amont. Par expérience cela peut permettre de réduire le besoin d’isolation des planchers qui n’est finalement pas la paroi la plus exposée.

Dans le cas de Travobelix on a un R de 2,5 pour le misapor et un peu plus de 2 pour les blocs de chaux chanvre, ce qui est, selon moi, bien suffisant.

Bonjour @Cyril_Cottet,

Tout à fait, étant au plus près de la RE 2020 en tant que thermicien et ne la portant pas encore entièrement dans mon cœur (elle a ses atouts et ses défauts comme nous tous :smiley: ), il faut toutefois spécifier que même avec une conception sobre et compacte, les performances de parois sont, par voie de conséquences des exigences, importantes. Aujourd’hui, je n’ai pas encore pu faire passer de maison avec seulement des blocs de chaux-chanvre de 30cm avec Misapor par exemple. Et pourtant, on sait tous ici que ce type de maison sera plus confortable en été et en hiver que beaucoup de maisons conventionnelles. SI vous avez réussi, je suis curieux de voir des plans par exemple, ça peut nous aider.
Bonne journée